adolina
araki
yoyodyne
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Adolina
Imago – LP
Araki/Yoyodyne/Aredje records 2023

Franchement pas en avance sur ce coup là. La seule chose qui pourrait excuser un peu cette gazette internet à la traîne, c’est que le vinyle n’a vu le jour qu’au printemps 2023 alors que la sortie numérique date déjà d’octobre 2022. En plus, on est complètement passé à coté de l’album précédent en 2017 Dreikanter tout comme le split EP avec Rabbit Theory en 2014 alors que le second album Caldeira avait été pourtant très apprécié. Tout ça ressemble à un véritable rendez-vous manqué avec Adolina.
Bref, Imago, quatrième album du groupe belge, est là et bien là. Et comme il n’y a pas de date de péremption pour les bonnes choses, il se consomme à l’infini. Adolina continue de le faire avec naturel et sobriété. Élégance et nervosité. Et une certaine tristesse émanant de tout ça, symbolisée par le morceau Vern, l’hommage à Vern Rumsey, le bassiste d’Unwound décédé en 2020 et un groupe auquel Adolina est régulièrement comparé. On ne dira pas le contraire mais il est possible de rajouter aussi Sonic Youth à sa période la moins sonique ou Fugazi, c’est à dire trois groupes en tout qui n’ont pas grand chose à voir entre eux. Ce qui signifie que Adolina le fait au final à sa manière. Avec un sens de la mélodie fine et touchante que les deux guitaristes-chanteurs, habiles et inspirés, manient avec dextérité et sensibilité. Tout comme le mélange de leurs deux chants donnant du relief et de la profondeur, ce petit bout de piment sans lequel le groupe de Mouscron pourrait autrement paraître plus neutre.
Imago est ainsi un boulevard pour des titres plus attachants et rutilants les uns que les autres, tour à tour vigoureux avec plein d’allant ou plus spleenesque comme les cinq minutes du morceau sans nom qui a failli être taxé d’instrumental si le chant n’avait pas débarqué à la toute fin et une intensité sans cesse sous contrôle. Un art de sublimer l’indie-rock en le poussant dans des contrées plus noisy, tout un pan de la scène indé 90’s perpétué avec une belle fraîcheur comme si Adolina avait toujours baigné là-dedans (ce qui ne doit pas être loin de la vérité non plus), sans tricher et avec brio. On a peut-être mis du temps à s’en occuper mais Imago est le genre d’album devenant de plus en plus addictif au fil des écoutes. Promis, pour la prochaine livraison, on sera au taquet parce que ce groupe le mérite vraiment.

SKX (06/01/2024)