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These Beasts
Cares, Wills, Wants – LP
Magnetic Eye records 2023

Les bêtes sont de retour. Quatre ans après un EP six titres qui faisait déjà preuve d’une solidité à toute épreuve, These Beasts assoit sa toute puissance avec Cares, Wills, Wants, un premier album qui ne fait pas de quartier tout en montrant du doigté. Dans le domaine du post-hardcore, le trio de Chicago s’invite au banquet ne manquant pas de prétendants. These Beasts compte bien s’y repaître, dévorer tous les courants passant à portée de crocs pour se constituer un tableau de chasse où metal, noise-rock, stoner trônent avec fierté, se mélangent dans un écrin de lourdeur en évitant de tutoyer l’indigestion. Sans bouleverser un système bien établi, Cares, Wills, Wants se révèle une parfaite démonstration de savoir-faire.
Sanford Parker continue d’être présent à l’enregistrement. Son dense, idées claires, rendu alerte. La batterie de Keith Anderson martèle dur mais assure un groove continu et prenant. La guitare sait assurer d’autres plans que des riffs de maçon. Acérées, mordantes, capable de mélodies et d’arpèges, son jeu tend vers le noise-rock (tout comme la basse), donnant un relief et une profondeur à un groupe qu’on croyait au départ taillé pour le bûcheronnage. Ça donne des titres d’une dimension supérieure avec du coeur comme les splendides Blind Eyes, le tranchant Nervous Fingers ou Cocaine Footprints. Ya du Ken Mode parfois qui se cache derrière These Beasts.
Un trio qui a décidé de bien travailler ses compos et d’apporter sans frime (même avec l’ajout de guitare et d’un simili solo de Dallas Thomas sur Southpaw aux relents black) toutes les nuances et une multitude de petits détails à son approche tout en puissance, hargneux et combatif. Comme les chants du guitariste Chris Roo et du bassiste Todd Fabian alternant voix démoniaques ou tout simplement intenses ou en mode parlé ou plus mélodiques, se répondant pour que la lassitude d’un chant monolithique ne frappe jamais. Les sept minutes et quelque du dernier titre Trap Door sont également un bel exemple que ce groupe n’a rien de bas du front et que la puissance ne fait pas tout. Avec son mélange de samples, d’un chant qui monte étrangement dans un registre plus aigu ou vire totalement psychopathe, d’une rythmique qui pilonne parfois façon tribale posant un cadre autant indestructible que mouvant et une tension arrivant par vagues, These Beasts offre une palette de son répertoire s’élargissant vers des horizons plus larges et intéressants que ce qu’il était à la base, à savoir un groupe de heavy noise-rock lambda. Cares, Wills, Wants est un beau saut qualitatif d’un groupe qui a tout pour se faire un nom dans ce milieu sans pitié.

SKX (14/10/2023)