theshits
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The Shits
You’re A Mess – LP
Rocket records 2023

Ding dong, devine qui sonne à la porte ? Non, ce n’est pas Uber Eats mais uber Shits. Six charmants gaillards qui ne sont que sourire et affabilité. La nouvelle livraison se nomme You’re A Mess. Parce que c’est vrai, tu fais pas d’effort. Comme ce monde qui n’est que bordel et désastre. On mérite tous un bout de merde, on l’a bien cherché. Alors que The Shits, non. Le sextet change de dimension en signant chez Rocket Recordings. Et fignole la qualité de l’enregistrement bien que ce soit toujours James Atkinson aux manettes comme sur Punishment. The Shits mais supérieure.
Pourtant, quand on prétend faire du scum rock et répandre son bruit dans les bas-fonds, c’est mieux quand les bandes ont traîné dans le caniveau. Ce n’est pas que You’re A Mess est plus propre mais ça sonne plus puissant, plus pro et en place. En un mot, plus efficace et saignant dans toute leur nocivité. Mais si The Shits a beau soigner le fond et la forme, You’re A Mess reste tout de même un sacré bout de gras jeté en pâture aux mécréants, un truc bien renfrogné et nihiliste dont le terrain de jeu se situe entre The Stooges et Brainbombs, ce qui leur laisse de l’espace pour s’amuser avec leurs propres lubies.
Un psychédélisme plombant et ténébreux malmené par trois épaisses guitares. Des riffs répétitifs ou qui ruissellent dans un bain d’acide ou qui font trembler plus d’une fois les murs. Des rythmes rampants, lourds, lancinants, jouant avec les nerfs. Les lamentations de Callum Howe, le chanteur qui a une tête qui ne s’oublie pas, répandent des horreurs et montrent tout son dégoût. Et sans cesse, enfoncer le clou du non-retour, répéter les plans encore et encore, croire que ça va partir mais ça reste coller au trottoir pour finir par le gratter jusqu’au sang. Il faut se préparer à accepter la merde, quelle qu'elle soit, qui viendra combler le trou. Vous avez bien un Ugly, Worthless plus entraînant que la moyenne. Voir l’ultime titre I Regret Nothing (Parts 1 & 2) plus rythmé et dégageant une certaine forme de mélancolie et de beauté poisseuses. Cependant, malgré un coté plus convenu, The Shits continue de visiter la face glauque et désespéré du psyché, se drape d’un noir profond auquel répond le rouge de leurs canines particulièrement affûtées pour mordre à pleines dents et qui savent ce qu’elles veulent. Ton petit cul merdeux.

SKX (07/09/2023)