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Sweet Williams
s/t LP + Cold To See You CD
Wrong Speed records 2023

Un disque de Sweet Williams, c’est toujours l’assurance de passer un moment au chaud, le temps qui se glisse dans un fourreau de duvet, la foulée qui se fait hors de l’agitation, comme un exil salutaire. Et plus que jamais avec ce nouvel album. Thomas House, l’Anglais expatrié à Saragosse, offre une version encore plus lancinante de ses tourments, plus assombrie et plombante, c’est sûr, il va tomber, nous entraîner dans sa chute. Alors que What’s Wrong With You gardait une nervosité palpable et un niveau de tension qui n’arrêtait pas de crépiter, ce sixième album adopte un pas plus lent, introspectif, affligé. Le coup de batterie est à l’économie. Les accords de guitare sont comptés. Guitare qui d’ailleurs est uniquement l’apanage de Thomas House alors que précédemment Sweet Williams en comptait deux dans ses rangs, Christian Barros (Picore) n’intervenant cette fois-ci que sur deux titres. Épurer le propos, garder le strict nécessaire, sentir encore plus profondément le poids du fardeau.
Cet album ne se laisse pas approcher facilement. Un cercle d’austérité, un halo de mystère. Qui se perce en douceur, sur la durée. Par l’éclat de cette guitare qui sonne merveilleusement bien, vous enveloppe, vibrante, chaleureuse, réconfortante et la basse de Philip Goulding (il n’avait pas joué avec Sweet Williams depuis le premier album Bliss) qui lui fait un écho discret mais solide. Par la beauté des accords qui résonnent longuement, par la lumière qui surgit dans les failles qui sont créées, par cette torpeur qui finit par vous étreindre, par la sobriété des mélodies portées par un chant de plus en plus rare et émouvant. Et mine de rien, par cette tension qui n’a pas disparue et guette derrière chaque mouvement, ce truc sur le qui-vive, qui tient en haleine du fait qu’on peut penser que ça peut imploser à n’importe quel moment mais que ça n’est jamais le cas. Sauf sur Old Smoke où ça dérape magnifiquement, ça crisse et ça allume des braises grâce à la seconde guitare de Barros. Ou sur Settlement parce que ça se fait plus lourd et électrique. Il est aisé de rattacher Sweet Williams à la scène slowcore, à Slint, Codeine voir Brick Layer Cake. Sweet Williams joue cependant sa propre partition animée par une flamme particulière. Elle est spécialement fragile avec ce disque mais plus belle, touchante et noire que jamais.

Vous en reprendrez bien une dose ? Dans le premier pressage du vinyle a été glissé un CD, Cold To See You avec la mention Home recordings. Soit neuf titres supplémentaires qui sont la version démo du prochain album de Sweet Williams. Avoir toujours un coup d’avance, c’est important. Thomas House avec sa guitare, sa basse, sa boite à rythme pour ce qui sonne bien plus qu’une simple démo, des compos déjà très en place et qui donne déjà envie d’y être au prochain album.

SKX (10/04/2023)