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threeoneg
sweatband
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Squid
Pisser
My Tadpole Legion – LP
Three One G/Sweatband records 2023
Difficile de prendre au sérieux un groupe qui décide d’opter
pour un tel nom et un titre d’album se mettant au niveau. Bonjour,
vous avez l’album Ma Légion de têtards par le
Calamar Pisseur ? J’imagine la gueule du vendeur. Et malgré
toute la brutalité de la musique, c’est ainsi que je le prends,
un immense défouloir primaire, jubilatoire et sans prise de tête,
de têtard ou pas. Mais que c’est rudement bien fait avec sérieux.
A la base du projet, deux aliens. À ma gauche, Tommy Meehan (guitare,
chant, basse, noise), des groupes Deaf
Club ou The Manx et boss aussi de Sweatband records qui publie régulièrement
des disques avec 31G et son pote Justin Pearson. A ma droite, derrière
la batterie, Seth Carolina (Starcrawler) sauf sur trois titres où
John Clardy (Tera Melos) prend place sur le tabouret. Au milieu, une multitude
de personnes invitées pour pousser une saine et virulente beuglante.
Squid Pisser devient ainsi une hydre monstrueuse et intrépide comptant
bien plus de sept têtes, un animal foudroyant dont le credo serait
violence et fun. Dans le genre hardcore d’un autre monde furieusement
épileptique et maniaque, frénétiquement branque et
bestialement avide de te botter le cul.
Avec des chanteuses-hurleuses psychopathes et extrêmement convaincantes
qui sont Meghan O’Neil, Arrow De Wilde (camarade de jeu du batteur
Carolina au sein de Starcrawler) sur Marching Of Trash, une reprise
de The Crucifucks et Yasuko Onuki (Melt-Banana) qui excelle bien sûr
dans ce type d’exercice quand ça va à toute berzingue
en un temps record et que ça tape dans tous les coins. Leurs camarades
masculins ne sont pas en reste avec Nicky Calonne (Nekrogoblikon) qui
est apparemment plusieurs dans sa tête sur The Everlasting Bloat
aux voix multiples et azimutées venant pourtant d’un seul
être que je n’aimerais pas croiser tard le soir, ni même
le jour. Tommy Meehan soumet également ses cordes vocales sur le
morceau d’ouverture Liquified Remains qui met les pieds dans
le plat sans round d’observation et donne le ton, option trash-grind
récréativement agressive. Pendant ce temps là, DJ
Embryonic Petit Sac vomit son petit déjeuner et les repas suivants
en remixant avec des moufles Lord Of The Frog alors que Saint Anthony
Mehlhaff (Cancer Christ) ne passe que trente deux secondes sur My Tadpole
Legion mais sa performance vocale, elle, sur Fuck Your Preacher,
une cover de AntiChris And The Raped, ne passe pas inaperçue et
a le don de me mettre de bonne humeur. C’est tout le paradoxe de
ce court premier album, alliage saignant de sauvagerie et de malice, de
rythmes et riffs défiant les lois de la vitesse et de bruitages
fantasques et tordus, un sens de la convulsion outrancière retombant
toujours sur ses pattes. J’ai gardé les deux plus beaux exemples
pour la fin. Both (featuring Zaine Drayton au chant, bassiste habituel
de Zulu) et Vibe Monster avec Joey Karam, l’ancien chanteur
de The Locust. Deux titres montrant que Squid Pisser possède de
la ressource et ne sait pas que taper comme des dingues et des sourds.
Quand le duo développe un tantinet ses idées et rallonge
le tir, que les cadences se diversifient tout en modulant et en jouant
sur l’intensité, le niveau général s’élève
et on s’en prend plein les gencives avec l’espoir d’en
reprendre à chaque bouchée. La prochaine sera d’ailleurs
donnée par Skin Graft records avec le EP Vaporize A Neighbor
l’année prochaine qui arrive très vite. Entre personnes
dérangées, cela devrait être une affaire rondement
menée.
SKX (27/12/2023)

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