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The Pleasure Majenta
Looming, The Spindle – LP
Dedstrange records 2023

The Pleasure Majenta, c’est la Nouvelle-Zélande qui a mis pied à terre à Berlin. Et la rencontre de ces deux mondes donne une drôle de mélopée. Le sud et le nord s’attirant autant qu’ils s’opposent et conduisant à un album à deux visages. Aussi captivant que fastidieux. Il faut arriver à passer le long premier morceau Satellite TV (David), le zapper ou en tout cas ne pas démissionner pour fortement apprécier les six compos suivantes puis partir avant la fin, avant les trois derniers titres, sans remords.
A l’origine du groupe, Lawrence Fergus Goodwin (ex-Career Girls et Caroles And Cheats) qui a créé The Pleasure Majenta en 2015. Pour une relocalisation à Berlin en 2018. Looming, The Spindle est le quatrième album après toute une série de cassettes confidentielles, le premier en vinyle et bénéficiant de l’appui de Dedstrange, le label conçu par Oliver Ackermann's (A Place To Bury Strangers/Death By Audio). Avec EJ à la basse et aux claviers et Sophia Lawler-Dormer à la batterie. Et tout un panel d’invités avec des cuivres (saxo, tenor saxo, clarinette, flute), une harpe, une contrebasse ou juste pour des chœurs (Anna Wilson). Un groupe ne s’interdisant aucune option. Mais se construisant tout de même sur des racines purement néo-zélandaise, cette musique venant de ce bout du monde et dont le parfum est unique, celui qui hante les albums de Sharpie Crows et Girls Pissing On Girls Pissing. Alors quand cette vision est transposée dans les rues berlinoises, celles qui ont tant marquées d’autres expatriés dont le fantôme rode toujours (Birthday Party), cela donne The Pleasure Majenta. Une étrange et élégante décadence, délicatement malsaine et fatiguée, un sentiment d’abandon nihiliste, d’angoisse latente dans un rire nerveux, de mélodies traînantes avec des fracas de tôles tordues, des synthés dézingués et tristement fumants, des relents industriels qui chutent au ralenti et des lambeaux de guitares qui couinent. Ça c’est pour la version réussie, celle qui hypnotise et fournit un tas de morceaux magnétiques à l’instar de Smiles Through A Sneer, Fabric ou le cauchemardesque et bruyant Anxious Patient.
Mais The Pleasure Majenta peut aussi se morfondre et se diluer dans des ambiances cotonneuses, vaporeuses, dans des abus de saxo mal embouché, des passages où il perd toute consistance et intérêt malgré toute l’étrangeté de la scène et l’onirisme inquiétant qui s’en dégage comme sur Gymnopedie. Bref, pas de quoi remettre en cause le statut d’un groupe particulièrement attirant et singulier avec le genre de disque qu’on ne croise pas tous les jours.

SKX (21/08/2023)