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Oxbow
Love’s Holiday – LP
Ipecac records 2023

Je n’allais quand même pas finir l’année sans parler du dernier né de la longue vie d’Oxbow. Un groupe suivi depuis plus de trente ans et que j’ai toujours adoré. Un peu moins certes avec Thin Black Duke paru en 2017. J’avoue même ne jamais l’avoir écouté depuis six ans. Ce qui fait qu’avec l’annonce de la sortie du huitième album du groupe de San Francisco, je m’attendais au pire. Je n’ai pas été déçu.
Les deux premiers morceaux sont pourtant pas mal du tout. Dead Ahead et Icy White & Crystalline, surprenant pour du Oxbow, plus direct, tendu, une efficacité sans embrouilles à laquelle Oxbow nous avait pas habitué. La suite n’est qu’une longue déchéance.
Alors paraîtrait-il qu’il faut ne pas avoir aimé Oxbow avant cet album pour apprécier Love’s Holiday et inversement, si t’as aimé tout Oxbow avant, ce disque ne peut sonner que comme de la merde. Ce qui est franchement stupide en soi. Ce n’est rien comprendre à Oxbow. Ce disque, on le sentait venir, c’est une évolution logique. C’est du Oxbow comme toujours, du blues que le groupe n’a cessé de chanter, malaxer, le drame qui s’y trame, le tragique quotidien sous tes yeux éplorés. Oxbow a juste décidé de ne plus le hurler sur tous les toits dans un énorme fracas bruyant et intense. Oxbow n’a plus envie de tout ce bordel, il change, il vieillit, on lui en veut pas (même si on connaît certains ‘vieux’ groupes qui ne se sont pas calmés avec le poids des ans et que ça leur réussit très bien).
Mais c’est comme si Oxbow ne savait pas écrire de morceaux calmes, mélodiques et ultra arrangés, ne savait pas traduire son blues dans une forme plus sage et apaisée. Oxbow a été trop loin et s’est perdu en route. Le disque parfait dans le genre s’appelle The Narcotic Story. Tout avait déjà été dit à ce moment là mais personne ne le savait encore. Écoutez par exemple A Winner Every Time et 1000 Hours. Si vous ne saisissez pas toute la différence, c’est qu’on ne peut plus rien pour vous.
Vous avez le droit de trouver 1000 Hours, All Gone ou Lovely Murk magnifiques et touchants. Je n’y entends que de la guimauve, des mélodies insipides et chargées en illusions, la guitare de Niko Wenner qui multiplie les accords douteux voir s’aventure de trop près dans le solo ampoulé, du lyrisme tombant à plat où toutes formes d’intensité ont disparu, ce petit truc nerveux et magnétique donnant du relief et du poids à n’importe quelle compo qui se voudrait belle, sensible et grandiose. Un disque sur lequel le batteur Greg Davis a dû s’emmerder à maintes reprises. Des chœurs coulant comme une overdose de sirop. Et quand a débarqué Million Dollar Weekend, j’ai cru à une reprise de Scorpions (mouhaha). Même le chant si prenant et charismatique de Eugne Robinson dans ce contexte perd de sa force et de son intérêt, ne venant que souligner encore un peu plus le caractère pleurnicheur et vide de Love’s Holiday. Oxbow se rattrape légèrement sur la fin avec The Second Talk et Gunwale mais le mal est fait. Ce Oxbow là n’est pas pour moi. Il faut aimer des trucs plus heavy rock, classique et convenu, un disque pour ceux qui aiment être rassurés avec des refrains, des structures lisibles et lisses, rien qui ne dépasse et des mélodies gentiment identifiables quand bien même elles sont nazes. Quelle vie de merde. Bonne année tout de même.

SKX (31/12/2023)