oozingwound
thrilljockey

Oozing Wound
We Cater To Cowards – LP
Thrill Jockey records 2023

Quand Oozing Wound propose de s’occuper des lâches, le sang va couler plus vite, les têtes vont voler et en plus c’est pas le travail qui manque. We Cater To Cowards est le cinquième album du trio de Chicago et c’est toujours aussi jouissif. Le danger quand un groupe enchaîne les disques qui sont tous issus plus ou moins d’une matrice commune, c’est de s’habituer, ne plus faire attention, croire que c’est un peu toujours la même chose alors que We Cater To Cowards est une nouvelle démonstration de force du talent de Oozing Wound qui maintient le niveau de qualité à des hauteurs vertigineuses. Faiblir ne fait pas partie de leurs options. Comme la lâcheté. Oozing Wound regarde droit dans les yeux le monde pourrir à petit feu, s’en moque avec sarcasme et balance la sulfureuse sauce comme de l’huile bouillante sur les mécréants.
We Cater To Cowards, quand on prend la peine de creuser, c’est surtout son album le plus noise-rock et aventureux. De la part de ce groupe qui a sans cesse flirté avec le metal et le trash sans jamais y mettre les deux pieds et fait la nique aux chevelus et à toutes tentatives de catégorisation, ce n’est guère surprenant mais c’est toujours aussi bon. Moins basé sur la vitesse, les riffs nucléaires et le cassage de nuque, We Cater To Cowards est une explosion fragmentée, une attaque vicieuse et insidieuse dans les structures qui seraient trop assoiffées d’efficacité, un fiel cabossé et heurté dont le venin prend des chemins détournés pour atteindre plus lentement mais toujours aussi sûrement sa cible.
Oozing Wound diversifie également les sources sonores. Cinq titres bénéficient de l’ajout de la trompette de Thymme Jones (Brise-Glace, You Fantastic, Cheer-Accident etc.) et du saxophone de Bruce Lamont (Corrections House, Bloodiest, Yakusa, Brain Tentacles etc.). C’est très inséré dans le mix mais c’est là, dans l’ombre, dans le tumulte, dans les gênes d’un groupe ouvert à tout et qui ne s’interdit rien, surtout quand il s’agit de bousculer les intégristes. Et quand ça suffit pas, Zach Weil (guitare, chant) sort le piano sur Old Sludge pour une touche unique mais frénétique. Les lâches voient ainsi débarquer de tous les cotés des assauts répétés, variés, piégeux avec une rythmique forte, inventive, sans pitié (Kevin Cribbin, space basse et Kyle Reynolds, batterie), un chant acrimonieux qui n’en peut plus de toute cette merde et qui dézingue avec un humour noir. Compos qui vrillent, partent en cacahuète (Hypnic Jerk qui concourt au titre le plus speed et trépidant), s’essaye à l’instrumental barré avec cuivres forts en gorge (Crypto Fash), cascade de guitare solitaire même pas casse-gueule (Between Cults) et titres rudement bien menés et affolant les compteurs comme Chudly, Midlife Crisis Actor ou Bank Account Anxiety qui prouvent une fois de plus que Oozing Wound est réellement devenu un groupe inclassable. Et incontournable du haut d’une discographie qui a vraiment de la gueule et de la personnalité. We Cater To Cowards ne déroge pas à cette fantastique série.

SKX (25/01/2023)