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Microwaves
Discomfiture Atlas LP
Three One G records 2022
Discomfiture Atlas, septième album en vingt ans. La cartographie
de la déconvenue ne concerne pas Microwaves. Leur discographie
est exemplaire. On se tue à vous le répéter à
chaque sortie.
Discomfiture Atlas est une nouvelle preuve de la classe incomparable
et néanmoins étrange de leur noise-rock de cyborg, leur
brutal prog-punk autant élaboré que trash, méchant
et amusant.
Et si la recette na pas foncièrement changé depuis
toutes ces années, le duo de base David Kuzy (guitare, chant) et
John Roman (batterie) arrivent sans cesse à se renouveler grâce
à un sens aiguisé de la composition et pour ce nouvel album,
en opérant une large revue deffectif. En commençant
par le bassiste, poste volant chez Microwaves. Steve Moore (Zombi), bassiste
originel soccupe des sept tires de la Plasma side. Adam MacGregor,
bassiste sur le troisième
album, revient taquiner les quatre cordes sur les sept titres de la Pyroclast
side. Ne manque quà lappel Johnny Arlett, bassiste
des plus récents enregistrements. Et ce nest pas fini. Microwaves
a invité à tour de bras. Eric Paul (Psychic Graveyard) au
chant sur Clinical Horizon, tout comme Sarah Quintero (Spotlights).
Rebecca Burchette (Multicult), autre très émérite
bassiste fait des cascades sur Hammerspace (dont une autre version
se trouve sur Psionic
Impedance). Todd Rittmann (US Maple, Dead Rider), guitare principale
sur Your Dumb Guts. Du beau monde et en nombre qui ne saurait faire
dévier Microwaves de sa trajectoire provenant du versant désaxé
de la planète rock.
Et cest justement The Last Planet qui ouvre les hostilités.
Parce que tout au long de lalbum, on sent bien que les derniers
soubresauts de notre monde moderne nont pas laissé indifférent
le groupe de Pittsburgh, quil en a gros sur la patate pour un disque
tendu et manquant despoir mais pas de fantaisie et dimagination.
Un vernis anxiogène qui nexclue pas les rires et applaudissements
de bonheur à la fin de Our Flagship Product tant le groupe
était parti à fond sur ce titre et ne semblait plus pouvoir
sarrêter. Car Microwaves, cest un certain sens voir
un sens certain de la frénésie, des morceaux se scratchant
avant les deux ou trois minutes (à une exception près pour
New Strategies) dans des affres rythmiques ou guitaristiques affolantes.
Cest techniquement doué, impeccablement en place, souple
et jamais démonstratif. Microwaves na pas le temps pour ces
conneries. Seule compte la force de frappe, lurgence aussi, mettre
la pression, éclater les codes sans sappesantir sur le champ
de bataille, sans se disperser dans de vaines complexités alors
que Microwaves en a largement les moyens.
Et dans le monde impitoyable de la dissonance, Microwaves franchit un
nouveau pas qui ne se fait pas dans la direction d'une surenchère
de bruit mais avec un son au fil des enregistrements qui est devenu de
plus en plus précis, net, percutant. Avec certaines compos plus
accessibles ou ouvertes aux mélodies comme Your Dumb Guts
avec Moore au chant ou également Technical Gibberish mais
sans se départir de leur amour des acrobaties. Car Discomfiture
Atlas reste un incroyable moment jubilatoire, une équation
explosive sans la prise de tête, de la fougue et un allant fondamentalement
rock qui ressort tout déformé, roué de coups, trafiqué
par des effets sonores qui sont un instrument à part entière,
tout en spasmes, fulgurances, idées brillantes et un assaut vocal
à deux voix, voir trois puisque John Roman est crédité
au chant également sur la face Plasma uniquement qui finit
de vous faire flamber sur place. Pas encore aujourd'hui que Microwaves
va faire un four.
SKX (01/03/2023)
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