cmptrstdnts

Lynx
s/t LP + Human Speech EP 12’’
Computer Students records 2023

C’est étrange de replonger dans tous ces disques passés. C’est pas qu’on aime pas ça. Au contraire, ce site internet le fait régulièrement et l’avait même déjà fait à propos de Lynx neuf ans plus tôt. Et Computer Students en a fait sa raison de vivre. Des années à écouter et apprécier des groupes pratiquant le noise-rock instrumental que d’aucuns nomment le math-rock, étiquette bâtarde (comme toutes les étiquettes) regroupant bien des diversités et dont l’âge d’or se situe à la fin des années 90, voir le début 2000 qui marque le début de la fin d’un genre qui a connu tout de même par la suite de belles réussites tout en évoluant. La crainte de revenir vers un style trop écouté, la crainte que ça ne corresponde plus à rien, déconnecté d’une période précise avec ses souvenirs, ses saveurs particulières, la crainte d’être déçu.
Heureusement, Computer Students ne sélectionne que le meilleur du meilleur. Après Cheval de Frise, Oxes ou Hey!Tonal œuvrant tous dans la sphère math-rock tout en prouvant bien sa variété, c’est au tour de Lynx. Et c’est sans doute le plus inconnu de la série.
Un groupe qui n’était pas le premier galop d’essai de Michael Hutchins (guitare) et surtout Paul Joyce (basse) qui a joué dans de multiples groupes dont Dagobah en 95. Les deux compères ont écrits les prémices de Lynx avec Glans. Un duo qui n’a jamais publié de disques mais qui avaient quand même eu le temps d’enregistrer sept titres chez Keith Souza en 1998. Et vous feriez bien d’aller écouter ces morceaux qui ont fini par ressurgir. Mais la formule duo ne les satisfaisant pas, Hutchins et Joyce ont recruté Dale Connolly à la batterie et Dave Konopka à la seconde guitare, lui qui n’en avait jamais touché une auparavant. Et qui continuera à le faire avec Battles. Lynx est ainsi né et a poussé ses premiers râles qui seront aussi les derniers avec un unique album en 2000 en format CD sur Box Factory records et enregistré par Bob Weston.
Neuf titres moins technique et furieux que Don Caballero, moins rock’n’roll et fun que Oxes, moins free que Storm And Stress, moins décalé qu’un US Maple. Lynx avait réussi a tracé son chemin au milieu de tous ces groupes avec beaucoup de classe, de dextérité mais pas trop, de fluidité, de dissonances tour à tour répétitives, élégantes, tranchantes ou plus mélancoliques. Un beau travail de réhabilitation d’un album qui va enfin pouvoir être apprécié à sa juste valeur et se faire une belle place dans le puzzle d’un genre musical qui l’avait injustement mis de coté.
Et ce n’est pas fini. Outre le mega poster, Computer Students a aussi glissé un deuxième vinyle de Lynx dans l’emballage qui fait désormais partie intégrante du plaisir que l’on a d’accueillir toutes les rééditions luxueuses du label. Un maxi tournant en 45 tours dont le nom est Human Speech avec trois inédits écrits en 1999-2000 mais enregistrés en 2021 par Seth Manchester avec exactement la même formation d’origine. Un joli cadeau bonus avec des compos qui, comme on dit habituellement dans ce cas là, auraient eu leur place sur l’album. Sauf que là c’est vrai. Notamment pour toute la face 2, le long, sinueux et éclairé Softly Ultra. Le passé a toujours du bon.

SKX (04/05/2023)