lifeguard
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Lifeguard
Crowd Can Talk/Dressed In Trenches – LP
Matador records 2023

Ils sont trois, viennent de Chicago, ont entre 16 et 18 ans et ont formé un groupe alors qu’ils sont encore au lycée. Et ils débarquent comme des grands sur Matador records. Après avoir sorti deux singles sur Chunklet Industries dont nous avions causé brièvement l’année dernière. Et avant ça, Lifeguard avait déjà publié une cassette EP Crowd Can Talk sur Born Yesterday et un album-cassette en 2020 en l’enregistrant à l’Electrical Studio avec Jeremy Lemos. Précoces vous avez dit et déjà couvés par les meilleurs ?
Il faut dire que le trio a de qui tenir. Le chanteur et bassiste Asher Case n’est autre que le fils de Brian Case (Facs, Disappears). Quant au batteur Isaac Lowenstein, il joue aussi au sein de Horsegirl avec sa sœur Penelope et ont également un album à leur actif sur Matador. Et le troisième larron Kai Slater (chant, guitare) est également actif dans la scène musicale locale avec Sharp Pins/Dwaal Troupe et publie le fanzine Hallogallo. Mais si Lifeguard démarre ainsi tambour-battant dans la vie, c’est surtout et essentiellement parce qu’il écrit de très bonnes chansons. Point barre.
Rien de franchement original ou de dingue. Le combo mélodie-bruit n’est pas la révolution de l’année. Mais l’art et la manière comptent également et Lifeguard est pétri de talent pour composer des morceaux créatifs alors que la recette est connue. Un groupe trouvant logiquement sa place sur Matador aux côtés de Pitchblende et Pavement, qui aurait fait fureur dans les années 90 sur le circuit des college radio américaines et qui va continuer à le faire maintenant, qui fera battre plus vite le cœur des personnes qui ont vibré un jour pour Unwound, Sonic Youth, Meat Wave et autres groupes à guitares génialement dissonantes et qui n’ont jamais arrêter de croire aux multiples possibilités de l’électricité quand elle parcourt six cordes.
Sur la face A, Lifeguard a remis les quatre titres de Crowd Can Talk publié en 2022. Face B, c’est Dressed In Trenches avec cinq inédits. Et comme à cet âge là, on grandit vite, l’évolution entre ces deux périodes de compositions est palpable. On ne parlera pas de maturité alors que les vingt printemps n’ont pas encore sonné à leur porte, ça serait indécent. Mais les structures sont encore mieux agencées, la dynamique accrue, l’énergie et le mur de bruit n’en sont que plus beaux et leur don pour la mélodie en ressort gagnant. Mais c’est l’ensemble du disque qui se révèle un grand moment avec de superbes morceaux magnifiquement chiadés comme Fifty Seven, 17-18 Lovesong dont certains passages ne sont pas sans rappeler les ambiances de Facs, les six minutes de Ten Canisters (OFB) répondant au long Typecast de la face A et le nerveux et tendu Tell Me When avec sa fin divinement abrasive. L’avenir leur appartient.

SKX (11/10/2023)