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Last Quokka
Red Dirt – LP
Stock/Tuff Cuff/Mass Prod records 2023

Red Dirt, c’est la couleur du sol australien. La roche ferrique, couleur primaire de la terre avant que la végétation en décomposition ne teinte le sol de brun et de noir. Mais dans ces terres australes arides où presque rien ne pousse, le sol a gardé son apparence d’origine. Et les origines, c’est tout le sel de Last Quokka. Encore plus quand on vient de Perth, coin isolé de l’Australie. Et son chanteur Trent Rojahn ne fait pas que causer de la question Aborigène et des ravages du capitalisme sur l’écologie de son pays, il passe à l’acte. Impliqué dans le groupe activiste Disrupt Burrup Hub qui manifestait contre le projet créé par la société Woodside consistant à étendre des installations gazières dans la péninsule de Burrup, ce qui aura un impact non seulement sur l'environnement mais aussi sur l'art rupestre indigène présent dans le parc national de Murujuga, Rojahn ainsi que plusieurs activistes ont été arrêté en février dernier par la police australienne.
Last Quokka, un groupe politisé qui commence Red Dirt par An Introduction. Pour une introduction à leur troisième album, c’est une (courte) introduction virulente et déterminée avec Rojahn qui crache, hurle autant qu’il vomit des paroles dans une colère cathartique. Mais qui ne donne pas forcément le ton général de Red Dirt. A l’instar de leur précédent album Unconscious Drivers, le garage-punk du quintet (qui s’enrichit d’un second guitariste avec Justin Zanetic et l’arrivée de Carlota Rivera à la batterie) ne fonce pas tête baissée dans un emportement incontrôlé contre le pouvoir et la corruption. Last Quokka a tout de même accentué la face punk. On sent bien que le nerf est tendu et que le climat n’est pas à la détente. D’ailleurs, Last Quokka enchaîne avec un second morceau s’intitulant Eat The Rich possédant des allures d’hymne punk avec un titre qui claque (les bourgeois). Et c’est ce qu’il faut également retenir de Red Dirt, son coté furieusement entraînant qui se danse autant qu’il se bastonne, férocement rock’n’roll, des mélodies qui filent grand train sur le dos des colonisateurs en leur bottant le cul au passage, des refrains donnant envie d’être repris en chœur, une dynamique jamais pris à défaut, son fun malgré le sérieux des sujets. Le quokka est un animal australien de la famille des marsupiaux réputé pour toujours afficher un sourire sur la tronche (qui n’est en fait que la forme naturelle de sa bouche) lui donnant une bonne petite tête sympathique. Et effectivement, Last Quokka vous donne la banane bien qu’en même temps, la poussière, Last Quokka la fait mordre plus d’une fois et on aime ça.

SKX (11/11/2023)