landowner
bornyesterday
|
Landowner
Escape The Compound LP
Born Yesterday records 2023
La route de Landowner est toute tracée et le groupe de Holyoke
file grand train. Au bout du quatrième album, la mécanique
est bien connue,
elle est parfaitement huilée, elle ne fatigue pas et cest
un délice sans cesse renouveler de faire un bout de chemin en sa
compagnie. Chacun est à sa place dans ce quintet. Chacun connaît
sa partition et avance soudé, en ordre serré. Impossible
de les faire dévier de leur trajectoire. Landowner en devient presque
inhumain, robotique. Une tension qui devient dérangeante à
force de peurs non exprimées et nexplosant jamais vraiment.
Rythme répétitif, sec, une raideur agitée. Tout se
joue sur une corde, sur de menues variations, sur des mélodies
tenant sur un fil trépidant. Le minimalisme punk de Landowner est
à son comble sur Escape The Compound. Avec une coloration
synthétique en augmentation ressemblant à une musique de
jeu vidéo en accéléré sur Swimmer Of Note
ou Beyond The Darkened Library avec ce gimmick comme une balle
de ping-pong délirante renvoyant dans une confuse faille spatio-temporelle
des années 80. Tout est dune précision infernale.
Rien ne dépasse. Ça claque net sans laisser de trace.
Et pourtant, de la mystérieuse alchimie de Landowner et Dan Shaw,
son seul compositeur et maître à penser, il émane
une chaleur constante et irrépressible, des mélodies tenant
sur deux notes devenant hypnotisantes et du divertissant sous ses dehors
rigides avec des salves de morceaux courts comme Heat Stroke, Victim
Of A Narcissists Tactics ou Nineties. À faire
pâlir de bonheur un Sleaford Mods par cette simplicité si
accrocheuse. Un parallèle transatlantique trouvant écho
jusque dans les paroles dun Dan Shaw en prédicateur habité
et concerné par tous les maux des petits êtres veules occupant
cette planète.
Et au milieu de toute cette frénésie concise et mis à
part Slow Tactics qui porte bien son nom en montrant au passage
que le ralentissement de la cadence lui va également bien, Landowner
a placé son péplum, les presque huit minutes de Escape
The Compound. Une épopée qui se fait avec toujours une
étonnante économie de moyens, une brusque accélération
comme une course-poursuite jubilatoire dun disque passant à
la mauvaise vitesse et la lumière au bout de la route séteignant
progressivement dans une fin tout en douceur. On a beau connaître
la chanson, Landowner arrive toujours à surprendre, montrant une
capacité à tenir en haleine comme au premier jour. Un grand
groupe tout simplement.
SKX (02/10/2023)
|
|