labasheeda
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Labasheeda
Blueprints – CD
Presto Chango records 2023

A chaque fois que je lis Blueprints, même au pluriel, j’entends I’m not playing with you, yeah you mais on n’est pas à Washington DC, c’est Amsterdam ici. Labasheeda publie son sixième album qui peaufine et magnifie de disque en disque son approche indie-rock prenant ainsi une consistance qui fait plaisir à entendre. Comme pour les précédents enregistrements, il faut toujours un peu de temps avant que les morceaux ne développent leur charme insidieux. Le rock de Labasheeda a toujours eu ce coté classique ne criant jamais plus haut que le voisin qui fait que ça peut vous passer au-dessus. Avec Saskia van der Giessen et Arne Wolfswinkel composant le noyau dur du groupe et le retour à la batterie de Bas Snabilie qui était présent sur Changing Lights, le trio hollandais élève encore d’un cran le niveau de ses compos, les perturbe par la présence de violons, les arrange avec un violoncelle, des claviers ou un marimba sur What Remains Is Love ou Vanity, multiplie les trouvailles pour que chaque titre gagne en pertinence et écrit des mélodies qui vous prennent à revers et se révèlent au final séduisantes. C’est fait avec subtilité et une certaine classe, de fines dissonances, un voile tour à tour noisy ou mélancolique, de l’intensité ne s’emballant jamais mais jamais sans temps mort non plus et deux guitares dialoguant en parfaite osmose pour tisser de belles accroches. Des figures tutélaires comme PJ Harvey ou Sonic Youth (sur Closure) voir même Live Skull à l’époque de leur splendeur restent dans l’ombre mais dans une version que Labasheeda a su rendre sienne. Aboie la nuit, la caravane passe. Le trio peut alors aligner des titres pouvant devenir entêtant comme Homeless, le court Curiosity ou le beau Procedure et dériver vers des effluves post-punk/new-wave sur les cinq minutes de Tigre Royale. Labasheeda ne joue également pas avec vous. Il offre avec Blueprints un album sincère, sensible et fort à la fois, plantant ses banderilles patiemment et l’air de rien pour arriver à ses fins.

SKX (17/12/2023)