handsupwhowantstodie
humanworth
sleepinggiantglossolalia
fonoradar


Hands Up Who Wants To Die
Nil All – LP
Human Worth/Sleeping Giant Glossolalia/Fonoradar records 2023

C’est un retour auquel je ne croyais plus. Neuf longues années après le monumental Vega In The Lyre, Hands Up Who Wants To Die bouge à nouveau et publie Nil All. Et à un blind-test, à peu près certain que je n’aurais jamais reconnu le groupe irlandais. Et ça dès l’écoute de L’Inconnue, titre mis en exergue avant la parution de ce troisième album avec un clip outrageusement citronné durant lequel les membres ont bravement payé de leur personne. Hands Up prévenait ainsi que la nouvelle livraison allait sévèrement piquer, gratter, mettre mal à l’aise avec ce long périple téméraire de plus de huit minutes qui n’a rien du morceau facile et accrocheur qu’un groupe met habituellement en ligne pour appâter le client.
Sensation identique avec le titre d’ouverture, le surprenant Clothbound. L’air a changé autour de Hands Up. Ou plutôt quelqu’un. Le chanteur d’origine Barry Lennon a été remplacé par Rory O’Brien du groupe (instrumental) Ten Past Seven. Et sa manière très différente de chanter, de placer sa voix emmène le groupe dans un univers plus tortueux et malsain. Il contient sa rage, serre les dents, n’éructe jamais vraiment ou rarement, parle, marmonne, geint comme s’il allait vous sauter dessus et l’effet est diabolique.
Mais ce n’est pas la seule évolution. En fait, Hands Up a tout simplement poussé le curseur expérimental encore plus loin. Appuyer sur les extrêmes, accentuer les dynamiques entre courant chaud et froid, jouer avec la tension sans vraiment l’aborder de front. Hands Up a toujours fait sentir sa volonté de s’affranchir de certains codes noise-rock, des structures carrées et d’une narration trop prévisible tout en travaillant au corps et en profondeur le son de sa musique. Nil All va donc plus loin dans l’action, se pare de l’esprit d’un US Maple ou The Conformists, le passe dans ses propres rouages détraqués et affiche huit compos singulières et déstabilisantes, charismatiques et ne se soumettant pas à la légère.
Tout se passe sur le fil du rasoir d’une intensité qui suggère plus qu’elle n’explose, un entre-deux jouant avec les nerfs, le paroxysme étant atteint avec L’Inconnue (en français dans le texte). Et c’est ce qui est paradoxal, ce noise-rock là se montre moins rentre-dedans et pourtant il fait plus mal (comme Nausea ou Ludger Sylbaris), déploie plus de mélodies ondoyantes (0-0 qui possède de faux-airs de The Somnambulist, le génialement tendu God’s Favourite et l’excellent Late Cormorant Fishing, titre le plus entraînant et tubuesque de l’album) mais est d’une sourde férocité, n’hésite pas à tendre vers le beau, l’accalmie mais c’est l’angoisse et l’irrationnel qui restent à la fin (Hell Is Just More Of What’s Already True).
Il s’est passé beaucoup de choses en neuf ans. Mais ce qui est sûr, c’est que Hands Up Who Wants To Die continue de stimuler le noise-rock, le transcender, n’en faire qu’à sa tête et écrire un nouveau chapitre unique en son genre qui encore une fois va faire date.

SKX (16/04/2023)