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Gloin
We Found This – LP
Mothland records 2022

Si vous vous demandez ce que Gloin a trouvé, il faut lire la note explicative sur la carte postale glissée à l’intérieur de We Found This et écrite par une certaine Laura Lamanna (elle ne fait pas partie du groupe canadien). L’histoire d’une escapade à New-York avec ses ami-e-s sur un bateau pour aller visiter la statue de La Liberté, un bijou jeté à l’eau en rapport avec les paroles d’une chanson qu’ils aimaient bien et une semaine après, un colis qui arrive au Canada avec à l’intérieur, le bijou en question et un seul et énigmatique mot : We found this. Et elle a no fucking idea why or how that happened.
En attendant de savoir si c’est un coup des Russes ou d’un pêcheur particulièrement perspicace, ce qu’on trouve est le premier album d’un groupe originaire de Toronto avec des influences qui ratissent large mais pas autant qu’un chalutier géant pour former sa propre salade noisy, finement relevée, hétéroclite mais sans que ce soit non plus le grand écart.
Gloin se dit autant inspiré par Sonic Youth que Lightning Bolt. Faut jamais croire les groupes. Bien que la référence au gang new-yorkais puisse se comprendre. La sensibilité est mélodique sous les dissonances, vire parfois vers des affres psyché plus ou moins fortes comme sur The Maw (avec une notion sixties sur le dernier morceau Brique Chaude avec son sample divertissant en français), se teinte d’un esprit rock-garage, se tend, se fait plus sombre ou agressif (Work Patrol scandé par la bassiste Vic Byers ou sur Oct), opte pour des vignettes sonores plus atmosphériques, vaporeuses et tordues (Winter Abroad, Positivland II) et marque définitivement des points lors de morceaux qui n’évoquent rien de précis (c’est à dire tous les éléments en même temps) sinon une qualité de compos parfaitement écrites, enlevées, acérées comme les excellents Dark Moto, Fzero et Shoot To Kill. La guitare de John Watson (qui est aussi le chanteur) est élastique et agile, se fond dans des effets retors et le bourdonnement du synthé de Richard Garnham alors que la section rythmique avec Simon Kou à la batterie en retrait fait preuve de beaucoup de tact et juste ce qu’il faut de raideur pour accompagner le mouvement sans à-coup. We Found This se met peu à peu en place pour révéler ses saveurs plus singulières qu’elles ne paraissaient. Le collectif tire dans le même sens. Un fil rouge invisible se fait sentir. Les morceaux s’articulent sans forcer. On est au moins sûr d’avoir trouvé un groupe prometteur.

SKX (19/04/2023)