exeverything
neurot


Ex Everything
Slow Change Will Pull Us Apart – LP
Neurot records 2023

Les mecs sont tellement blasés qu’ils ont appelé leur nouveau projet Ex Everything. Comme ça, ça règle le problème. Ce qui ne va pas nous empêcher de glisser quelques mots sur leur pedigree et ce ne sont pas que des ex quelque chose. Jon Howell (guitare) et Dan Sneddon (batterie) sont par exemple des membres actuels de Kowloon Walled City (et Scott Evans a naturellement enregistré ce premier album). Andre Sanabria (chant), alias Blowupnihilist, est aussi à l’aise dans la scène electro que le hardcore, le dernier larron étant Ben Thorne dont on vous épargnera également toute la litanie de ces autres groupes.
Ex Everything, c’est donc du solide et de l’expérimenté mais avec la fougue de jeunes poulains ruant dans les brancards avec virtuosité et l’émotion qui brûle les lèvres. Slow Change Will Pull Us Apart, ça rappelle forcément le Love Will Tear Us Apart de Joy Division mais la comparaison s’arrêtera là. Sauf que ça déchire dans les deux cas. Vous pouvez entendre du Kowloon Walled City ou du Less Art, autre groupe dans lesquels ils sont impliqués, mais au final, Ex Everything ne sonne pas comme un ex autre chose. La dynamique en mouvement perpétuel, la façon que chaque morceau a de vous rouler dessus sans vous écraser, l’articulation des instruments entre eux, comment ils se mélangent pour avancer dans la même direction et créer un véritable souffle qui vous emporte généreusement, c’est un vrai bonheur. Le chant abrasif et écorchant de Sanabria capable d’alterner avec des moments plus calmes, presque parlés participe également à ce sentiment de morceaux âpres et beaux, durs et à fleur de peau. Avec les motifs d’une guitare éclatée, trébuchante sur des pics, mélodique à sa manière, une basse au son infernal et une section rythmique en générale aussi heurtée qu’au groove incendiaire ou qui cogne impitoyablement, ça vous donne des compos sans cesse bouillonnantes, comme pris dans un ressac, sombrement lourdes et incisives, sur le qui-vive jusqu’à ce que la tension soit trop forte, que ça s’emballe, se cabre et expulse toute la colère emmagasinée dans des fins de morceaux déchirants à l’instar du magnifique Exiting The Vampire Castle alors que The Last Global Slaughter reste sans cesse sur la corde raide, une crête intense qui file des frissons. Du post-hardcore/noise-rock splendide et volcanique qui vous remue bien les tripes.

SKX (20/11/2023)