emiliezoe
hummus

Émilie Zoé
Hello Future Me – LP
Hello Future Me - The Companion EP – 12’’
Hummus records 2022

La publication de The Companion EP est l’occasion de parler de Hello Future Me qui était sagement resté dans sa pile à attendre son heure depuis un an. Et de faire d’une pierre deux coups vu que les deux sont indissociables. The Companion EP, cinq titres supplémentaires enregistrés pendant la même session que Hello Future Me mais qui, faute de place à moins de sortir un double album, ont vu le jour séparément à la fin de l’année dernière.
Ce qui permet de remettre sur la platine un album, le troisième, à qui je n’avais pas assez donné sa chance, pris le temps d’une écoute demandant de la patience et qui s’avère très convaincant sous la nouvelle perspective de The Companion. C’est à dire une musique plus calme, douce, introspective, soyeuse parfois par rapport à une approche plus sèche et tendue de The Very Start, un disque sur lequel Émilie Zoé a pris tout son temps, bien plus que d’habitude (confinement oblige) d’où ce sentiment de musique plus travaillée, peaufinée, plus finement arrangée. Mais les mélodies, les failles, la fragilité (accrue), le chant qui fait craquer et les émotions qui font vibrer sont présentes. Il faut juste gratter le vernis plus soigné, laisser se dissiper cette impression intimiste qui aurait moins d’impact et tout le charme et la force mélancolique de la Suissesse vous enveloppent dans des atmosphères plus variées et riches, laissent sans voix sur les presque sept minutes de Hello Future Me, splendide pièce centrale en apesanteur et tout en subtilités, bercent d’une lumière nouvelle quand piano et synthés prennent les devants et accouchent de compos sensibles qui finissent pas doucement vous étourdir (Across The Border, I Saw Everything, Tidal Waves). Et l’intensité rode toujours dans les méandres de Hello Future Me, ne fait pas mine quand elle débarque sur le très rythmé et entraînant Apollo (qui aurait eu sa place dans le répertoire de Autisti) tout comme l’excellent Parent’s House ou les éclats de l’ultime titre Volcan qui éructe d’une électricité qui ne s’était jusque là pas manifesté avec cette vigueur.
Un disque à l’essence folk qu’Émilie Zoé bricole, transforme, électrise, exalte dans un esprit minimaliste et épuré, avec des rayons de finesse, de la lumière tamisée et apaisante qui finit par éblouir sans en mettre plein la vue et toujours un sens de l’écriture beau, précis, qui fait mouche.

The Companion EP est donc le prolongement de Hello Future Me. Nicolas Pittet est toujours à la batterie, Louis Jucker aux arrangements, Kevin Galland (bassiste de Coilguns) à l’enregistrement. Ou comment regrouper dans un format court tous les aspects de la musique de Émilie Zoé. Du nerveux à la prestance indie-rock de Castle au dépouillé et touchant The Field avec ces notes de piano aussi tristes que lumineuses, des parasites bruitistes d’un Save The World plus ample à Little Hand et son kalimba qui lui donne des airs de comptine acide sans oublier le titre d’ouverture Dinosaurs démontrant que Émilie Zoé a la mélodie qui lui colle comme une évidence et qu’elle est douée pour ça, The Companion EP devient plus qu’un simple prolongement mais un disque à part entière dans l’univers singulier et personnel de Émilie Zoé.

SKX (06/03/2023)