deathengine
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Death Engine
Ocean – LP
Code/Throatruiner records 2023

Le glissement de terrain n’est pas une surprise. Place Noire avait placé ses jalons. Ocean s’ouvre sur de nouveaux horizons. Le post-hardcore est une étendue ressemblant souvent à une morne plaine. Death Engine l’embrase. En plus de l’embrasser pleinement. Le groupe de Lorient, qui a connu un profond remaniement de personnel avec le seul Mickaël Le Diraison (guitare/chant) comme membre fondateur, était une boule de nerf convulsive noise-hardcore avec quelques déviances pour épaissir et troubler le propos. Avec ce quatrième enregistrement, Ocean heurte de plein fouet les rivages du post-hardcore. La durée des compos se rallongent. Ocean voit large avec un son immense. C’est plus lourd, mélodique, spacieux, épique. On pourrait penser ainsi que Death Engine perd en personnalité – et c’est sans doute le cas – prenant le sillage de trop nombreux groupes présentant des qualificatifs à forte similitude. Et j’avoue qu’à la première écoute, l’envie d’embarquer sur Ocean ne me démangeait pas.
Mais Death Engine possède cette force, ce noyau dur et sombre en lui qui ne l’a jamais lâché, ce bout de nerf et d’intensité qui persiste pour rendre Ocean bien moins plat et ennuyeux qu’un disque post-hardcore lambda. Chacun des sept titres est un tumulte qui remue bien les tripes, même dans les passages les plus calmes et introspectifs, autre aspect inédit de Death Engine qui n’hésite plus à se dévoiler, à creuser des failles où coulent en plein jour des mélodies touchantes. Jusqu’à évoquer Jessica 93 sur Dying Alone à la touche shoegaze sur un gros tapis rythmique. Étonnant mais réussi à l’instar des rajouts de nappes de synthés pour appuyer, amplifier les montées mélodiques qui n’en font jamais trop et savent viser juste et poignant comme le final de Empire. Death Engine a enrichi son propos mais n’a pas mis le superflu. Le groupe reste arc-bouté sur une musique tendue, colérique, déchirante. Et des morceaux qui tabassent dans les règles (Hyperion, Lack, Leaden Silence) avec une lourdeur pénétrante et toutes les subtilités requises pour que ça soit encore plus marquant. Qu’importe la coloration et le virage pris, Death Engine reste une machine pertinente avec une écriture toujours aboutie qui fait vibrer et arrive à se démarquer alors que c’était pas gagné d’avance. Emporté par Ocean.

SKX (31/05/2023)