cougars
expertwork

Cougars
Cougs – LP
Expert Work records 2023

18 ans. On n’est pas loin d’un record dans la catégorie reformation de groupe revenant de nulle part. Cougars ressort les griffes. Et elles sont particulièrement affûtées. A l’époque de Pillow Talk, le groupe de Chicago était connu pour agrémenter et réchauffer son rock-noise d’une section cuivre et d’un synthé. Après toutes ces années de silence, Cougars revient sans la trompette, sans le saxophone et sans le clavier. Cougars resserre les rangs. Matt Irie est toujours le chanteur. Tout comme John McClurg à la guitare alors que Bryan Bienias a glissé de la basse à l’autre guitare. C’est donc un nouveau venu qui débarque taquiner les quatre cordes et ce n’est autre que Fred Popolo, l’actuel bassiste de Big’n. Il vient ainsi rejoindre son autre compère de Big’n officiant à la batterie, l’inamovible Brian Wnukowski.
Les Cougars sont aussi des hommes mûrs. Et ils sont chauds comme la braise. Le quintet occupe désormais un terrain plus purement noise-rock, anguleux, incisif, farouchement percutant mais dispense toujours autant de chaleur rock’n’roll. Le point de rencontre parfait entre Big’n et l’incandescence d’un Rocket From The Crypt débarrassé de tous les oripeaux cuivrés.
Trente minutes pendant lesquelles Cougars mord tout ce qui bouge comme si le groupe n’en pouvait plus de s’être arrêté si longtemps. Huit titres (moins un, Rehornedlered qui est de l’ordre de l’intermède instru pas spécialement optimal) où le batteur se déchaîne, fait résonner caisse claire et voler cymbales, martyrise son kit à le faire trépigner de bonheur. Le chanteur postillonne comme un damné sur la membrane de son micro, se casse les cordes vocales sur une rage qui avait grandement besoin de sortir. Et les deux guitares appuyées par la basse arrosent, cisaillent, instillent des mélodies alors que tout est dureté et explose autour d’eux (My Breath Is Great), possèdent cette capacité de s’emporter (Rehandlered) tout en étant précises et saignantes. Ça claque et ça brûle en même temps.
Et surtout Cougars propose une attaque constante qui fait étonnement corps. Cougars avance sur sa proie comme un groupe soudé, ne relâche jamais l’étreinte, enchaîne les plans incendiaires, feu nourri, dense. Chaque titre est un coup qui fait mal, demandant d’y retourner illico. Et quand vient l’heure de sonner la fin, America’s Song se présente dans toute sa magnificence splendeur. C’est le morceau de Cougs. Cinq minutes vingt qui sont devenues une véritable obsession. Toutes les qualités des compos précédentes mais avec quelque chose de plus poignant, profond, déchirant comme ces paroles semblant prendre une tournure plus personnelle. Avec ce passage mélodique sur la retenue au bout de trois minutes et quelques avant de repartir dans une intensité crescendo qui est de toute beauté et me retourne à chaque fois.
18 ans, c’est long mais ce retour inespéré est une totale réussite. En espérant que Cougars ne reparte pas en hibernation parce qu’un disque comme ça, j’en veux tous les jours.

SKX (15/08/2023)