codeine
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Codeine
Dessau – LP
Numero Group records 2022

Dessau, c’est l’album The White Birch qui aurait dû sortir originellement si le bassiste et chanteur Stephen Immerwahr n’était pas devenu si pointilleux et parano. Ou peut-être était-il juste flippé de nature ? Ou avait-il voulu placer la barre trop haute ? Après le premier album Fridig Stars sur Sub Pop, Immerwahr se met la pression. When we recorded (Frigid Stars) with Mike (McMackin) in 1990, he made it sound professional. Now I wanted us to play at a professional level, too, and I quit my data entry job to do Codeine full-time.
Le début de l’enregistrement au Harold Dessau Studio (New York) en juin 92 se passe merveilleusement bien. Tout sonne d’enfer et d’équerre. Et puis vient le moment d’enregistrer le chant. Chris Brokaw (batterie) est satisfait du résultat. John Engle (guitare) est satisfait du résultat. Mike McMackin est satisfait du résultat. Stephen Immerwahr n’est pas satisfait du résultat. Il entend des fréquences. Des trucs chelous. Que personne d’autres à part lui n’entendent. Et puis que la performance n’est pas aussi précise et consistante qu’il aurait souhaité. Et en plus, le tableau de Thomas Wilmer Dewing qui s’appelle The White Birch, qui avait tapé dans l’œil de Immerwahr lors d’une visite du Metropolitan Museum of Art en 1990 et qu’il voulait pour pochette ne peut pas se faire. Le proprio a refusé sa demande. Quand ça veut pas, ça veut pas.
Les morceaux sont définitivement mis au placard. Chris Brokaw, fortement déçu (lui qui pensait que les chants auraient pu être refaits en une après-midi. Ça n’a pas été le cas. Pourquoi ? Mystère) quitte le groupe pour se consacrer pleinement à Come. Certaines compos sont réenregistrées et atterrissent sur Barely Real, un mini-album sur Sub Pop en 92 qui sort juste à temps avant la tournée européenne de Codeine avec Josh Madell à la batterie. Deux ans plus tard, le second album The White Birch sort finalement avec Doug Sharin (June of 44) à la batterie avec quatre titres (Sea, Wird, Tom, Smoking Room) prévus initialement sur l’enregistrement de Dessau. 1994, c’est aussi l’année où Codeine se sépare. Fin de l’histoire.
Trente ans plus tard, c’est cet enregistrement initial que Numero Group déterre après avoir réédité les trois albums de Codeine ainsi que les singles et de nombreuses versions démo et live dans le plus pur style Numero Group, label spécialiste dans le dépoussiérage et la découverte de trésors enfouis. Huit titres qui sont tous connus (à part I Wonder, ballade acoustique et seul véritable inédit) dans des versions différentes, avec des enregistrements différents, avec un batteur différent. Je n’ai pas été jusqu’à comparer ces différentes versions. Voir lesquelles sonnent le mieux. Surtout que tout a été remastérisé en décembre 2021. Et que Realize a même bénéficié de modifications et d’un mixage supplémentaire en septembre 2021. On s’en tape. Par contre, ce sont des versions où aucune fréquences bizarres sur les voix ne se font entendre, qui sonnent parfaitement bien et qui rappelle au cas où on avait oublier pourquoi Codeine est le roi du slowcore. Sublime. Et qui fait dire à Chris Brokaw : The real White Birch was recorded at Harold Dessau in New York City in 1992.

SKX (26/04/2023)