cheree
cherubdream


Cheree
Factory – LP
Cherub Dream records 2023

Cheree était le nom d’un morceau de Suicide. Aucune idée si le nom de ce nouveau groupe d’Oakland vient de là mais c’est le signe d’un bon départ dans la vie. Six titres pour faire les présentations. C’est court mais suffisant pour se faire happer par Factory. Et que ça vous ronge de l’intérieur.
Vanessa Hernandez au chant, Jordan Martich à la basse, Mikayla Rivas à la guitare et Zach Alexander qui tâte aussi de la guitare et surtout programme la boite à rythme. Un rythme mécanique, froid, implacable qui aide grandement à placer le noise-rock de Cheree sous une tutelle industrielle. Et on dit pas ça uniquement parce que ce disque s’appelle Factory. L’ambiance est dure, très sombre, primaire avec des effets synthétiques supplémentaires pour la pourrir cette foutue ambiance. Comme un mélange fantasmé de Big Black et Uniform évoluant à Birmingham dans les années 80 quand Godflesh y posait ses premières pierres.
Crade et froidement incendiaire avec un sens du groove qui fait magnifiquement mal. Machines et chairs broyées. Pulsations nihilistes qui vibrent de partout d’un élan aussi rageur que désespéré. Qui matraquent juste pour le plaisir de matraquer parce qu’il faut que le venin sorte.
Et quand tout est craché et qu’il faut trouver un second souffle, Cheree part sur des lignes de fuite plus imprévisibles, déstructure, casse les cadences et les riffs qui assomment, insuffle une violence larvée et encore plus angoissante sur le terriblement prenant Consumption et ses presque six minutes étouffantes qui ne sont parfois pas sans rappeler un Sonic Youth époque Bad Moon Rising dans l’atmosphère qui s’en dégage (et c’est pas le seul endroit de Factory qui produit cet étrange effet). Ou se pare d’une fin génialement technoïde qui ne fait que prendre de l’ampleur à en devenir dingue et met le feu sur Shadow’s Extent. Met un peu d’humanité dans ce monde de merde avec deux guitares qui tentent des riffs plus cléments et un chant sachant amadouer ses cris sauvages. Mais ça mord quand même fortement en général. Ça suinte le mal-être et le cocktail Molotov. Bande-son idéale par les temps qui courent et faut espérer qu’ils vont courir longtemps pour Cheree avec qui on prend date.

SKX (05/07/2023)