catorcio
vollmer
zero


Catorcio
s/t – 10’’
Vollmer Industries/Zero Produzioni records 2022

Catorcio débarque de Bologne avec un premier quatre titres sous la royale forme d’un 10’’. Vingt minutes tout de même pour faire connaissance car le groupe italien aime développer son noise-rock, le pousser dans ses retranchements, tendre des pièges, le crisper, l’enfiévrer pour qu’il acquiert une belle densité. Il donne surtout l’impression de raconter une histoire, un élan narratif avançant pas à pas, dérapage par dérapage, tranchée par tranchée. Une impression renforcée par cette voix grondante, rocailleuse, dominante plus parlée que chantée, bosselée, colérique.
Des compos déstructurées, des rythmiques convulsives, des accidents, une guitare qui vagabonde à son gré, tendance schizo entre arpèges lancinants, tourmentés et lapidaires coups de surin comme sur Deprivatio. Bref tout l’attirail pour vous perdre en chemin, perdre le fil de l’histoire alors que plus que jamais, vous êtes partie intégrante du scénario, happé, trimballé comme un fétu de paille demandant toujours plus sa soif d’en découdre. Car Catorcio sait aussi mettre des claques, répéter les plans pour que ça rentre dans le lard, se lancer dans des tournantes rythmiques à faire baver, manier la tension et l’urgence comme une douce torture avant le coup fatal. Ces quatre Italiens explorent la psyché du noiseux qui sommeille en toi, font preuve d’une technicité imparable avec le mors entre les dents sinon ça sert à rien, une violence à plusieurs niveaux, subtile, fulgurante pour finir par t’achever au mur avec un implacable et épique Colerdose qui, phonétiquement en français, colle parfaitement avec la ration d’agressivité cathartique que Catorcio vient de fournir. Et c’est fait de la plus belle et intelligente des manières qu'il soit.

SKX (19/01/2023)