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Camping Sex
1914! - LP
Static Age Musik records 2022

1914! est sorti en 1985 et on en parle en 2023. Tout va bien, ne vous inquiétez pas. Parait-il qu’en Allemagne ce disque est culte. Et un peu au-delà puisque Thurston Moore himself a déclaré à propos de Camping Sex que c’était un groupe ultra-experimental trash that was super influential on Sonic Youth. Rien que ça. Le genre d’affirmation propice à attirer les regards vers ce groupe car faut bien l’avouer, Camping Sex faisait plus titre de film porno pour campeurs en folie que référence à un groupe mythique qui était totalement inconnu de nos services qui se targuent pourtant d’être assez pointus.
L’influence marche d’ailleurs dans les deux sens. Camping Sex a sûrement écouté Sonic Youth et on pourrait expliquer le nom bizarre du groupe berlinois comme une référence détournée et amusante au Confusion Is Sex sorti deux ans plus tôt de la part d’un chanteur (Max Müller) connu pour l’absurdité de ses paroles. Et qui sait fait connaître ensuite avec Mutter, autre groupe très connu outre-Rhin qui est né juste après la fin de Camping Sex et qui existe toujours.
Bref, tout ça est très alléchant. Surtout si vous aimez Sonic Youth. Et la no-wave en général. Mais on va tout de suite rafraîchir vos ardeurs de jeunes communiants prêts à recevoir la sainte parole. 1914! est un album ardu. Ou l’ombre de Sonic Youth et compagnie ne hante pas chaque sillon. Loin de là. Ça se présente bien sur Nichts, le titre d’ouverture. Ça devient déjà beaucoup plus compliqué sur le second, Guten Morgen. Et ce n’est pas à cause de la musique qui arrive à se tenir dans un genre de rock dissonant finalement assez basique mais convenable avec de belles inspirations et trépidations. Par contre, franchir l’étape de la voix demande de gros efforts. Max Müller chante comme une guitare totalement désaccordée à laquelle il manque des cordes. Ou comme un mec bourré, un mec qui n’en a rien à foutre de tout. Bref, il chante plus d’un fois terriblement faux. Et prend de la place, nique toutes idées de mélodie. Si c’est totalement voulu et assumé par le protagoniste qui voyait en cette manière extravagante de chanter comme un crachat ultime à une société et une Allemagne qu’il rejette en masse, ça s’avère plus d’une fois pénible à entendre sur la longueur.
Un disque brut et brutal, qui ne cherche jamais à plaire, aussi convenu que décalé, nihiliste et étrange, distant et sombre, juvénile et punk dans le sens où Campin Sex n’avait certainement pas de longues heures de pratique derrière lui avant de se lancer dans le bain, avec de longs développements répétitifs qui vont vers l’échafaud, qui sonne années 80 et fait son âge mais semble aussi impossible à dater, avec de très bons moments (chant compris) ou juste totalement anecdotique. Un album qui avait déjà été réédité en 2006 en version double-album par Vinyl-On-Demand avec des démos, des raretés et du live. Static Age Musik ressort la version historique de base. Une curiosité curieuse pour les plus curieux et téméraires d’entre vous.

SKX (23/06/2023)