beurre
humus


Beurre
Oxt To Anyone – LP
Hummus records 2023

Beurre, on n’y rentre pas dedans facilement. Mais à la fin, ça finit par passer crème. C’est que ce nouveau groupe suisse ne fait rien pour faciliter le confort des tympans. Beurre tartine le conduit auditif d’une bonne couche de parasites délétères, comme de la crasse contaminée accrochant fermement le fond de la casserole avec chant au Scotch-Brite tentant de se frayer un passage dans la masse d’effets. C’est touffu, décapant, nébuleux pour un son bien à eux entre metal très déviant et noise-rock radical ou un truc dans le genre mais dans tous les cas, ça récure. Et ça finit par briller. D’un noir sans reflet. Avec une multitude de bouts de verre qui se fichent dans la boite crânienne. Implosion à mèche lente. Et qui se débat dans une camisole d’angoisse. Dans un épais brouillard où guitare et synthé s’agglutinent, formant un barrage impénétrable. Dans un laminage rythmique qui broie menu. Avec lenteur ou violemment. Toutes les notions d’espace se cognent à un mur. Paranoïa aiguë. Tension qui met les nerfs à vif sous la voilure toxique. Voix comme un instrument de torture, bloc de folie compact, ne faire qu’un, tu auras le beurre et l’argent du beurre car ce trio n’épargne personne et ne demande rien en échange. Mais c’est quand Beurre étale au-delà du raisonnable, quand il tape dans les dix et treize minutes de Ways et Mausi pour clôturer chaque face que ça devient vraiment épique. Et beau. Et terriblement hypnotisant. Un puits sans fond. Le mur se fissure. L’espace grandit. Les cymbales sonnent comme des coups de fouet. Les répétitions ne font qu’enfler l’ampleur du maraboutage. On n’en ressort pas indemne, notamment Mausi qui emmène au bord de la folie dans une maîtrise totale et incroyable d’un groupe gagnant de précieux galons avec de telles démonstrations et pouvant ainsi fièrement trôner à coté d’un Coilguns sur l’étagère Hummus (qu’il faudra écrire dans le futur avec un seul M). Beurre, un groupe qui va compter.

SKX (15/12/2023)