anxiouswave
nefarious


Anxious Wave
Live From The Poison Factory – LP
Nefarious Industries records 2022

La principale vague d’anxiété que fait naître ce nouveau groupe de Providence, c’est l’anxiété du chroniqueur. Comment aborder un tel disque qui échappe à tous les styles en les abordant tous un peu sur les bords, qui donne envie de dire tout et son contraire, singulier par la force des choses mais pas révolutionnaire ou forcément très étrange non plus.
Une musique punk dans l’âme, directe, tapant quasi toujours sous les trois minutes à une exception près mais dont l’aspect général sonne assez chiadé avec plein de détails et de subtilités. Qui sonne également metal et hardcore de part le passé de certains membres, tous des vétérans de la scène de Providence, mais ne lésinant pas sur l’aspect mélodique, ralentir le tempo sur Regards, le slow épique du disque, mettre un pied dans les dissonances du noise-rock tout en appréciant les sons clairs et parfumer l’atmosphère d’une bizarre aura 80’s ou d’un post-punk tordu, du fait notamment des sonorités variées de la basse de Sam Okon et la guitare de Mikey Belcastro. Cette même guitare qui peut être parfois tenter de s’abandonner à des solos sans tomber dans le piège pour s’arrêter à temps (The Silk Fortress, Void Boys), capable de charcuter ou d’émettre des accords plus osés, se mettre au premier plan puis presque disparaître. La batterie de Dylan Lagory se montre efficace, basique, tribale puis surprend sur les passages plus sautillants de Mirror Bed ou Executive Dissector (avec Marina Phom en invitée vocale). Le chant de Brandon St Pierre est primaire, rauque mais ne s’épargne pas des intonations mélodiques, créant parfois un décalage aussi inattendu qu’insolite, à l’instar d’une musique semblant souvent naviguer sur un fil, prête à tomber et nous avec mais qui arrive toujours à retomber sur ses pieds et nous aussi.
Un premier album aussi intense que léger, sauvage que travaillé, versatile et fringuant avec plein de trouvailles se dévoilant au fil des écoutes qui finissent par vous accrocher le ciboulot. La fumée de Live From The Poison Factory (qui n’a rien d’un disque live) fait tousser mais n’est pas dangereuse, déroute et séduit tout en laissant un drôle de goût dans la bouche.

SKX (13/02/2023)