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All Structures Align
Details, Drawings, Distance And Departure – 2xLPs
Dipterid/Wrong Speed records 2023

Il est grand temps de parler de ce disque de All Structures Align puisque la sortie du nouvel album est prévu dans un mois. Un groupe anglais qui a commencé comme un duo avec les frères Ineson, Tim et Adam. Sous cette forme, le duo a publié son premier album six titres Details And Drawings en avril 2022. En septembre de la même année et avec un batteur en plus en la personne de Neil Turpin (Baby Harp Seal, Bilge Pump, Polaris et une tonne d’autres projets comme de la batterie sur des albums de Yann Tiersen), le trio a sorti six nouveaux morceaux sous le nom de Distance And Departure. Deux disques rapidement épuisés. Le label anglais Wrong Speed avec l’aide des Américains de Dipterid records ont eu la bonne idée de rééditer de nouveaux exemplaires en 2023 en regroupant les deux enregistrements sur un magnifique double-album qui a de la gueule.
On sent l’amour du travail bien fait chez All Structures Align. Des gars qui prennent leur temps, ont le sens du détail, peaufinent, lustrent comme de bons artisans qui ne sont pas dans le rendement mais dans le plaisir et la beauté du geste. Pou un groupe qui mérite bien son nom. Ainsi va All Structures Align. Et pas un poil qui dépasse seraient tentées d’ajouter les mauvaises langues. Dans un registre slowcore/post-rock/math-rock avec un chant souvent feutré et délicat et des mélodies soigneusement taillées, je me suis parfois demandé qu’est ce que je foutais là à écouter ça. Slint, Codeine, June Of 44, voir Karate avant qu’il ne vire trop jazzy figurent dans la ligne de mire de All Structures Align. Mais sans cette tension, ce bout de nerf, cette sombre et profonde mélancolie qui t’empoigne et te soulève. All Structures Align, c’est la version jolie et soignée.
Et pourtant, les deux heures de musique passent sans (trop) d’encombres. Surtout Distance And Departure bénéficiant d’un surplus d’angularité, de nervosité/intensité et d’amplitude. De cette musique marquée par les 90’s et d’où proviennent toutes les racines des frangins Ineson qui avaient créé Nub entre 1991 et 98, All Structures Align arrive à vous emberlificoter avec des structures mouvantes semblant aller nulle part, des mélodies trop légères et appliquées pour s’illustrer avant qu’une alchimie particulière se mette en branle et que le charme opère. All Structures Align est à deux doigts de se volatiliser, de se montrer trop doucereux puis la machine décolle au détour d’un changement de rythme inopiné ou plus appuyé, d’une guitare qui prend du poids, des répétitions de mesures qui s’emballent, un ton qui se durcit. Et quand bien même la compo ne s’enfièvre pas, elle finit par déployer une atmosphère comme une histoire sans rebondissement ou suspense mais vous berce dans une aura réconfortante ou doucement mélancolique. Tout le travail d’entrelacs apparaît ainsi que la richesse du jeu des guitares. Les différents tiroirs (et ils peuvent être nombreux) se mettent en place. Ce même chant qui vous tapait sur le système devient miraculeusement séduisant (même si ça ne marche pas à tous les coups), se fond dans le paysage pour lequel il est fait. Les structures se révèlent dans leur globalité et on se retrouve avec des titres aux longs développements (ça tombe quasi jamais en-dessous des cinq minutes) dont le scénario n’est jamais écrit d’avance, une touche assez singulière finalement avec un song-writing argenté et étoffé. Ce qui devrait être encore plus le cas avec l’album à venir Cut The Engines. All Structures Align passe à cinq avec l’arrivé de Oli Heffernan (Shrug, King Champion Sounds) et Andrew Pollard (Polaris).

SKX (20/10/2023)