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Totally Unicorn
High Spirits//Low Life – LP
Farmer & The Owl records 2022

Troisième album pour les Australiens adorateurs de licornes. Totally Unicorn ne pratique pourtant pas la musique en relation avec son patronyme candide. Le tabassage en règle est un art de vivre. Et à ce petit jeu là, le groupe de Sydney devient un esthète. Totally Unicorn a pris le metalcore de ses débuts par les cornes. La sauvage bête qui hurle en eux se pare d’un visage plus présentable, diversifié et fédérateur.
On le sentait venir sur le précédent album Sorry et Totally Unicorn n’a pas à être désolé. High Spirits//Low Life est une évolution vers un monde où les licornes gambadent à l’air libre avec une alimentation plus saine et variée. Ce n’est plus de l’élevage en batterie. Totally Unicorn prend ses distances avec ses racines sans les renier. Le chaos sonne à la porte, il est là, prêt à sortir de ses gonds mais le quartet s’aménage de nombreuses issues de secours. C’est toujours rude, mouvementé, hautement énergique, frappeur avec des changements de rythmes ou d’humeur propices à vous tordre les chevilles mais franchement, quelle maîtrise de ses instincts les plus primaires. Pour un groupe qui montre une belle capacité à se moquer de lui-même dans des clips cocasses et ne semble rien prendre au sérieux, il affiche une nouvelle et grande ambition dans neuf compositions drôlement chiadées.
Totally Unicorn ne recule plus devant les mélodies, c’est même devenu son fer de lance et il ne rate jamais sa cible, quand bien même certains titres surprennent de prime abord (Not Winning). Totally Unicorn est devenu super fort pour accoucher de titres tubuesques, d’accroches et de refrains viriles qui n’ont rien de faciles, durs mais qui fondent dans la bouche, de riffs tendus qui glissent tout seul, qui font la grande roue et fauchent méchamment dans un geste identique et sacrément inspiré, se confronter au robuste organe vocal de l’imposant Drew Gardner sans baisser le regard mais au contraire, donne l’envie de reprendre avec lui ses lignes de chant aussi marquantes qu’amusantes. Yeah, Coach, Old Mate, Fri(ends) avec Jason Whalley (Frenzal Rhomb, groupe punk australien depuis 1991) en invité au chant (le second invité s’appelle Dan Cunningham (Arse) sur Trust Fund Glee), Weekday Warrior et ainsi de suite, c’est du Totally Unicorn en multicolore, une explosion brutalement intelligente et inversement, c’est chevauché un arc-en-ciel au-dessus d’un volcan de fracas, c’est donner de la confiture aux cochons.
Et quand vient l’heure d’aborder les sept minutes du titre qui a donné son nom à l’album, Totally Unicorn fait preuve de schizophrénie qui résume bien leur approche. Entre un début toute voile dehors et un soudain revirement pour une longue partie lente, poignante, loin du tumulte habituel et une fin qui manie idéalement et puissamment le sens du drame, Totally Unicorn étale toute sa panoplie qui les voit plus d’une fois heurter de plein fouet le monde du noise-rock. High Spirits//Low Life, haut les cœurs et à bas la médiocrité, Totally Unicorn a pris une nouvelle dimension et elle est superbe.

SKX (28/04/2022)