bidehuts

Sacco
Basa – LP
Bidehuts records 2022

Sept ans que Sacco ne s’était pas manifesté, depuis un premier album resté hélas trop confidentiel. Et comme ça faisait six ans que Sacco ne s’était pas produit sur scène, on ne peut pas dire que le trio basque (coté espagnol) ait tout fait pour être reconnu. Un mystère donc très bien gardé qui revient avec Basa, nouvel album avec seulement cinq nouvelles compositions. Il faudra s’en contenter et ne pas bouder son plaisir car si Sacco a une notion toute personnelle de la profusion et est aussi discret qu’un vote socialiste au présidentiel, Basa est une fois de plus la preuve que Sacco est une très belle affaire et qu’il possède une classe supérieure pour tirer les ficelles d’un noise-rock subtilement différent. A commencer par le chant en basque et sa sonorité unique. Et puis dans cette approche émotionnelle privilégiant toujours la sensibilité à la force, cette façon d’être tranchant tout en étant délié, vif mais sans jamais se précipiter. Sacco apporte grand soin à des morceaux patiemment et intelligemment construits dont la complexité n’est jamais le propos mais dont l’influx prend son temps pour se diluer dans vos veines car rien ne sonne facile et activement tapageur. C’est racé, narratif parfois, élaborer par paliers sans deviner les marches à monter à l’instar des sept minutes du très beau et tendu Gutasunean, capable de placer l’auditeur dans des ambiances troubles à la tension sous-jacente (Gaua Eta Negua), de montrer une vigueur soudaine avec beaucoup de tact mais bien réelle, du genre à faire décoller un titre avec une rythmique précise et qui cogne sèchement, de vous emballer dans un cercle qui n’en finit plus de tourner et de doucement vous hypnotiser avec des mélodies sobrement poignantes (Ur Berberak) ou plus entraînantes quand Sacco se fait violence (Arrakala Sasi Sustrai). Seulement cinq titres d’un groupe rare (dans la lignée de tous les groupes basques qui ont du mal à quitter leur région natale) mais ça serait vraiment dommage de passer à coté. Et en espérant que Sacco ne retourne pas en hibernation.

SKX (30 mai 2022)