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The Poison Arrows
War Regards – LP
File 13 records 2022

War Regards, un nom d’album tragiquement d’actualité. Vladimir aime ça. Mais c’est pas fait exprès. A l’origine, c’est une faute de frappe. Un email reçu par le guitariste-chanteur Justin Sinkovich et une formule de politesse qui à une lettre près devient War Regards à la place de Warm Regards. Ce qui a eu le mérite de beaucoup amuser le groupe qui a décidé d’en faire un titre d’album. Et surtout, War Regards devait sortir au printemps 2020. L’Ukraine était encore un pays dont tout le monde se foutait, contrairement à un ennemi bien plus sournois et invisible, le très vilain Covid.
Deux années donc que ce quatrième album attend patiemment son heure. Et quand elle sonne, c’est comme si c’était hier tant War Regards apparaît dans la continuité de No Known Note. Et on ne va pas s’en plaindre. Les débuts du groupe avaient été plus que laborieux. The Poison Arrows décoche désormais son venin avec toute la sagacité requise. Un noise-rock tout en souplesse et affûté à la sauce Girls Vs. Boys que le trio de Chicago maîtrise de mieux en mieux. The Poison Arrows a sans cesse épuré le propos depuis son premier album en 2009. War Regards semble franchir une nouvelle étape (aussi modeste soit-elle) pour aller à l’essentiel et frapper les esprits, être plus rock, plus urgent tout en se souvenant que leur groupe est localisé à Chicago et que rythmiquement, c’est plus tendu et présent. Il est même permis de penser à Jesus Lizard sur l’intro de Shallow Grave.
Mais le noise-rock de Poison Arrows n’a jamais été un monstre de virulence et d’abrasion. C’est fait avec classe, élégance, une certaine retenue, une tension latente. La technique d’un Pat Morris à la basse (ex-Don Caballero) est toujours au service des morceaux avec un groove ondulant, voir mélodique allant de paire avec le parfum harmonieux dans lequel baigne War Regards. La guerre n’est franchement pas leur moyen d’expression favori. War Regards regorge pourtant de bombes à mèches lentes, de ces titres s’insinuant peu à peu en vous, des explosions à retardement qui irradient, des structures qui s’emballent sous les rythmes de batterie très inspirés de Adam Reach, le nerf de la guerre, propulsant l'album dans une intensité revue à la hausse, une architecture d’ensemble qui prend forme naturellement alors que chaque bloc peut parfois paraître plus complexe. Et quand le trio offre une diversion, cela donne We Are Collateral avec le rappeur Sterling Hayes mélangeant son débit caractéristique avec le chant éraillé de Sinkovich pour un effet très réussi. War Regards, avec toutes les chaleureuses salutations de The Poison Arrows et nos plus sincères félicitations.

SKX (01/03/2022)