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Party
Dozen
The Real Work – LP
Grupo/Temporary Residence records 2022
Vu dans un bunker, un vrai de vrai, le blockhaus K2 de l’ancienne
base de sous-marins construit par les Allemands pendant la seconde guerre
mondiale. C’est à Lorient et désormais, c’est
une salle de concert, ça s’appelle l’Hydrophone, un écrin
de béton étonnant et grandiose que Party Dozen s’est
chargé de dynamiter le 15 septembre dernier. Le duo australien
n’était pas seul. Protomartyr et Tropical Fuck Storm leur
ont donné un (bon) coup de main pour cette soirée incontournable.
Un concert de Party Dozen tout en force et en volume sonore imposant.
Et c’est l’impression que m’a donné The Real
Work, troisième album du duo de Sydney. Le précédent
album ne donnait pas sa part au chien mais avec The Real Work,
Party Dozen est monté d’un bon cran dans l’aspect puissant
et rentre-dedans. En concert, chaque coup de grosse caisse rentrait dans
le bide pour faire remonter la bière. Et tout ça avec toujours
simplement un saxophone, celui de Kirsty Tickle et une batterie, celle
de Jonathan Boulet qui actionne également un sampler. Parce que
le son de Party Dozen est rempli de sonorités diverses et variées.
Une guitare notamment, plein de pédales d’effets pour distordre,
vampiriser, saturer l’air et des samples noyés dans la masse.
Et du chant quand Tickle hurle dans son cuivre comme si c’était
un micro et qu’il en ressort tout trafiqué. Quand c’est
pas celui de Nick Cave, invité prestigieux sur Macca The Mutt.
Il se contente de répéter une poignée de mots sur
la seconde partie du titre, ça reste limité comme intervention
mais la surprise fait son effet.
Party Dozen a donc décidé d’envoyer du lourd. Au point
de laisser circonspect et de préférer dans un premier temps
des compos comme Earthy Times ou Risky Behaviour, voir Major
Beef, quand le duo se fait plus mesuré et nuancé dans
son propos et fait profiter de toute la subtilité de sa formation
atypique. C’est qu’on deviendrait délicat avec l’âge
!
Mais les vieux démons ne tardent pas à revenir. Et dans
le genre tornade-matraquage free-noise-rock j’en passe et des meilleurs
– d’ailleurs toutes les chapelles musicales y passent quand
vous vous attardez sur ce qui se dit sur le duo, ça devient même
le grand n’importe quoi, ça ne veut plus rien dire sinon que
Party Dozen a trouvé sa propre identité (?) – The
Real Work offre une sacrée secousse tellurique avec son lot
de déhanchements aussi torrides que rustiques (Fruits Of Labour),
de saxo inélégant mimant des problèmes gastriques
(The Big Quit), de poursuite meurtrière (le fougueux Balance)
et autres convulsions percutantes comme un coup de massue sur lesquelles
soufflent le vent de la douce folie.
A l’instar de Steven Tennikov qu’on voit sur la photo de l’insert,
à qui on doit la pochette et qui tape sur de la tôle ondulée,
The Real Work est un travail de passionné, d’un duo
qui se donne corps et âme dans sa musique sans tricher, aussi brutal
et cogneur que capable de finesses insoupçonnées avec un
bel enthousiaste contagieux. Un très bon disque de Party Dozen
même si je dois avouer que ce troisième album fait preuve
de moins de singularités et de richesses et qu’il me touche
un peu moins.
SKX (15/11/2022)

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