oldtimerelijun
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Old Time Relijun
Musicking – LP
K records 2021

Voilà un an que Musicking est sorti mais le vinyle a pointé le bout de ses sillons maudits seulement à l’été 2022. En même temps, pas l’impression que ce disque et le retour en général de Old Time Relijun ont déchaîné les passions, tout juste un intérêt poli. Le groupe reste pourtant fidèle à sa réputation, ni mieux ni moins bien mais toujours prêt à en découdre.
C’est en 2019 avec le mini-album See Now And Know que le trio d’Olympia était revenu aux affaires après plus de dix ans de silence pour dire toute la colère qu’il éprouvait à voir ses compatriotes se comporter comme des gros beaufs. C’est pas le travail qui manque. Un peu rouillé aux entournures mais Old Time Relijun montrait que ça bouillonnait à l’intérieur et qu’il avait encore la foi.
Le trio mené par Arrington De Dionyso (guitare, chant), Aaron Hartman (contrebasse) et un nouveau venu à la batterie en la personne de A. Walker Spring n’a jamais été réputé pour bouleverser sa musique tout au long de ses sept albums. Après toutes ces années de silence, la constatation est toujours d’actualité. Old Time Relijun fait du Old Time Relijun. Une remarque qui pourrait sembler amère mais on n’allait pas leur demander l’impossible non plus.
Musicking
, huitième album, est cette terre vaudoue que le groupe aime labourer, pourfendre, transcender. Un rock primitif où cohabitent les grands esprits de James Chance And The Contortions, Captain Beefheart, The Cramps, Suicide et Jon Spencer. Une belle lignée que Dionyso porte grâce à ses cordes vocales toujours aussi brûlantes, encore plus mordantes, habitées plus d’une fois, démonstratives (voir un peu trop sur The Lung Song). C’est la rampe de lancement à partir de laquelle le groupe peut swinguer, convulser, se lamenter sous la lune, rentrer en transe, une danse indigène pour revenir aux racines quand tout crame autour de vous, invoquer des figures anciennes pour demander protection et mieux les exalter. Et espérer éventuellement que la pluie revienne. Onze morceaux qui ont le groove en eux, possédés comme un diable blagueur, funky de traviole à leurs heures perdues, cuivres (flûte comprise sur The Foundation Is Cracked) chaleureux, transpirants, déviants pour de bonnes soufflantes qui ragaillardissent et fulminent, guitare aride et effets spéciaux sortis on ne sait de quelles machines fumeuses. Les éléments sont connus et Old Time Relijun agence une nouvelle fois une recette impeccable, pimentée, agitée, rocailleuse, sans faute de goût (à défaut parfois de vous exploser en bouche) pour servir chaud un plat qui a fait ses preuves. Et faut avouer qu’on avait quasi oublier que ça pouvait faire un bien fou. Make Old Time Relijun great again.

SKX (21/11/2022)