norna
vinter
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Norna
Star Is Way Way Is Eye LP
Vinter records 2022
On en a connu des disques dune lourdeur monumentale et dune
noirceur incommensurable. Star Is Way Way Is Eye prétend aisément
à la médaille dor. Norna, cest un Suédois
et pas nimporte lequel. Tomas Liljedahl (qui avait auparavant pour
nom de famille Hallbom), lancien chanteur des fabuleux Breach
et aussi de The Old Wind. Lancement dun nouveau groupe avec deux
Suisses, Marc Theurillat et Christophe Macquat, deux des trois membres
du groupe instrumental Ølten
(groupe que je découvre pour loccasion avec deux albums sur
Hummus records et qui ont tout lair dêtre fort recommandables).
Liljedahl avait déjà prêté sa voix à
Ølten sur un morceau de Mode en 2015. Lalchimie des
trois à temps plein est un séisme, renverse des montagnes
après leur avoir déverser dessus toute la fureur du monde.
Six monstrueux titres longs et obscurs comme une nuit polaire. Taillés
dans un bloc furieusement identique. Les failles sont au microscope. Marche
ou crève. Pas le choix, ne pas se mettre en travers de la machine.
Broyage, laminage, étouffement. Les riffs des deux guitares comme
une chape de plomb. Densité de fin du monde comme seule issue.
Norna a mis le paquet. Un son dantesque, une force suffocante. Il faut
vouloir se mettre la tête dans le sac et serrer à la carotide.
Un disque radical à plus dun titre mais profondément
magnétique, désespérément abrasif.
Le son nest pas quune histoire de volume et de gros bras.
Il craque sous les pieds, un voile de poussières radioactives,
fourmille de mille poisons et daiguilles avec un moog et de samples
qui viennent combler les derniers espaces (comme si cétait
possible) donnant des airs de Neurosis avec qui, il est vrai, Norna partage
un sens des ténèbres et de lécrasement ainsi
quune vision de la vie tout aussi idyllique. Ce premier album nest
pas que immensément lourd. Il est bruitiste. Il flagelle. Une matière
primaire très brute qui en impose naturellement mais qui est retravaillée
pour être encore plus aliénante et écorchante.
Et puis Norna possède avec Liljedahl dun chanteur de la trempe
dun Tim Singer (Kiss It Goodbye, Deadguy), le genre de voix possédée
et charismatique qui vient dun endroit sombre de son être
et quil expulse avec une rage non-feinte pour définitivement
enflammer Star Is Way Way Is Eye. Le chant dun damné.
Norna arrive tout de même à aménager quelques respirations
comme au milieu des neufs minutes de Tabula Rasa, les nuances se
font jour au fil des écoutes, les guitares révèlent
quelques subtilités, les grondements de la batterie vous soulèvent
parfois plus quils ne vous enfoncent. Mais en règle générale,
la pression est énorme, dune violence tout en contrôle
et donc encore plus insoutenable avec des titres comme Serpent Spine
ou Mother Majestic qui rendent dingue. Bienvenue en enfer.
SKX (08/02/2022)
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