nerver
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Nerver
Cash – LP
The Ghost Is Clear records 2022

Second album de Nerver. Seconde claque qui te rend poussière. On est si peu de choses quand une bombe explose à la gueule, n’est-ce pas Vladimir. Heureusement, la bombe propulsée par le trio de Kansas City dessine un grand, un énorme sourire de contentement. Elle a pour nom Cash. Direct, balancer sans pincette, à prendre tel quel. Et qui peut rapporter gros. C’est à dire dans la lignée du précédent Believer’s Hit mais en plus fort, plus beau, plus mieux.
Mat Shanahan (batterie), Evan Little (basse, chant) et Jake Melech (guitare), trois solides gaillards qui savent ce qu’ils veulent et s’en donnent les moyens. Le son gagne en immensité, en volume et en poids sans jamais rien perdre de son agressivité. C’est noise, dense mais chaque instrument se fait entendre avec netteté et précision. L’écrin parfait pour que les neuf compos brillent de mille feux, éclairent les nuits les plus noires, réchauffent les cœurs les plus blasés. Car ce qui place Nerver au-dessus de la mêlée noise-rock qui en a pourtant entendu des vertes et des pas mûres dans le domaine de l’urgence qui débite de la rage et de la frustration au kilomètre, c’est le degré de passion que le trio insuffle à leur musique. Comme d’autres mais eux encore plus. C’est sauvagement beau, on y croit du début à la fin sans jamais faiblir, comme si jouer pour Nerver était réellement une question de vie ou de mort. Et on les suit jusqu’au bûcher sans se poser de question.
Nerver, c’est Unsane et Unwound dans un combat sans cesse intense et poignant. De la fureur qui dégouline à chaque seconde et des mélodies écorchées et folles qui embrasent les sens. Des riffs incroyables (l’intro de 44th & Brain Cancer par exemple), des changements de tonalités, des sonorités mouvantes donnant un relief vertigineux, une multitude de trouvailles qui font tout le sel d’une musique taillée pourtant dans un monobloc, une musique qui bastonne de long en large et en travers mais jamais ne s’essouffle. La rythmique pulsative est étourdissante, hache, enfonce, télescope. Le chant donne envie de hurler avec lui jusqu’à extinction des cordes vocales. Et Nerver possède un art consommé pour conduire des compos qui deviennent autant fabuleusement efficaces qu’inattendues, ballotté qu’on est entre ces plans carrés, tendus et des envolées soudaines et lumineuses, des cassures ou des ralentissements à tomber (le splendide Purgatory, le plus mélodique et mesuré titre de fin Cash). Mais on aurait pu citer également Blood Boy, Now It’s Dark, bref, une nouvelle fois, que des gagnants, une succession scandaleuse de tubes aliénants qui font de Cash un instantané classique.

SKX (10/10/2022)