mutterlein
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Mütterlein
Bring Down The Flags – LP
Debemur Morti records 2021

Bring Down The Flags, c’est la fantomatique main du temps, froide et osseuse, vous tapant sur l'épaule pour vous faire savoir que votre temps est écoulé. C'est le son du délabrement, ce sentiment de désespoir total quand autour de vous, tout s'écroule dans un océan de souffrance. Marion Leclercq, alias Mütterlein (la petite mère de Nico), publie son second album, cinq ans après Orphans Of The Black Sun. Il faut être d’humeur, il faut vouloir se plonger dans cette noirceur abyssale, cette assourdissante agonie, cette lancinante vague funeste et écorchée qui vous gifle comme la queue démesurée de ce chien effrayant (artwork Dehn Sora). Mais comme toute musique ténébreuse et farouche, elle a un effet cathartique, elle cicatrise, se montre d’une grande beauté qui fait du bien. Cette musique a le don de vous plonger dans une profonde mélancolie et de vous transporter, éclaire les recoins les plus tourmentés, happe et submerge à la fois. Bring Down The Flags relève de l’expérience, aspire lentement et inexorablement dans un ailleurs, un onirisme tragique. Le rock de Mütterlein est hanté, du domaine du sacré mais détérioré, se voile de nappes dark ambient, de rythmiques martiales ou trépidantes comme un cœur essoufflé sur le long et impressionnant Requiem, de sonorités grouillantes, frémissantes et d’un chant âpre, grondement fiévreux, rocailleux remontant à la surface des vivants de quoi le pétrifier sur place. La glace se brise. Le cheminement de Mother Of Wrath et sa montée mélodique rendent les yeux humides (saleté de poussières). The Descent est d’une rage froide et implacable. Jamais musique gothique n’a autant réchauffé tout en donnant envie de tout incendier. Bring Down The Flags, disque éminemment personnel capable de parler au plus grand nombre, solennel et sans sophistication, douloureux, brutal, sobre dans sa toute puissance nébuleuse. Magie noire.

SKX (14/05/2022)