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Meat Wave
Malign Hex – LP
Big Scary Monsters records 2022

Enregistré et mixé entre juin et décembre 2019, Malign Hex a été mis entre parenthèse vous savez par quoi, Meat Wave préférant que le monde tourne à nouveau plus rond (la bonne blague) pour publier son quatrième album. Mauvais timing d’où peut-être le nom de l’album qui pourrait se traduire par mauvais sort. Cependant, à part ce fâcheux accroc temporel, Malign Hex n’est pas frappé par un sale maléfice. C’est plutôt le sceau du bonheur qui frappe Malign Hex. Encore une fois.
Le trio de Chicago aligne les disques qui comptent. Malign Hex ne déroge pas à la règle. Avec un savoir-faire identique, sans changer les paramètres de leur jeu, apportant juste ce qu’il faut de variations d’un album à l’autre et surtout en sortant de leur chapeau des titres toujours aussi addictifs et fabuleux. Une qualité d’écriture qui rend Meat Wave invincible et si cher à nos petits cœurs de punk toujours prompts à s’enflammer au doux son de mélodies dissonantes et épicées.
Le groupe a beau venir de Chicago, il ne faut pas chercher des affiliations musicales du coté de la ville des vents. D’ailleurs, le bassiste Joe Gac a repris les commandes de l’enregistrement à la place de Steve Albini qui oeuvrait sur The Incessant. Meat Wave peut jouer dur et ferme, être anguleux. La basse possède souvent un vernis noise (comme sur Merchandise Mart). Mais chez le trio, le bonheur se passe à un autre étage. Dans cette capacité à faire beaucoup avec une recette simple (on comprend mieux pourquoi John Reis (Hot Snakes, Drive Like Jehu) a signé l'album sur son label Swami pour les USA), à délivrer un message limpide et des accords lumineux, abrasifs, profonds ou puissamment mélancoliques, à s’insérer habilement entre un Unwound et un Protomartyr et ne jamais faiblir, ne jamais pouvoir dire que cette compo est juste pas mal. Tout est très bon et rouge saignant chez Meat Wave, pas de quartier pour la médiocrité. Que ce soit dans les titres très courts (Honest Living, Ridiculous Car) ou quand ça s’étend dans des répétitions hypnotisantes, le petit coté poignant en plus (What Would You Like Me To Do, Complaint et sa rythmique chaloupée donnant envie de valser). Et le festival continue face B. Merchandise Mart avec son sublime décrochage en forme de pont musical à 2mn30, le fondant et émouvant Waveless, 10k et les deux derniers se rejoignant dans un même élan plus atmosphérique. Ça commence avec les presque six minutes de Jim’s Teeth (renvoyant à Nursing du récent Volcano Park) et ça se prolonge avec le crépusculaire Malign évoquant The Black Heart Procession. La musique de Meat Wave n’a vraiment rien de révolutionnaire ou d’expérimentale. Mais elle vous prend par les tripes, gronde de toutes ses terminaisons nerveuses, fait vibrer la corde sensible, elle s’impose toute seule, évidente, classe, talentueuse. Le sort est jeté. Meat Wave nous a ensorcelé pour l'éternité.

SKX (26/11/2022)