holyscum
rocket


Holy Scum
Strange Desires – LP
Rocket records 2022

Quand un groupe décide de s’appeler Holy Scum, faut pas s’attendre à se la couler douce en écoutant une musique soyeuse et romantique. Encore moins quand tu sais que deux membres de Gnod, Chris Haslam (basse) et Jon Perry (batterie), participent à l’orgie. Avec Peter J. Taylor, un des multiples guitaristes incendiaires de Action Beat, le tableau est complet, Holy Scum va en foutre de partout. Et ce n’est pas fini. Mike Mare/Manteca, nouvelle tête de chez Dälek, a été appelé pour produire Strange Desires et devient de part son implication quasi comme un quatrième membre le temps de ce disque. Il prête sa voix, la déforme, grogne, rajoute des synthés et du bordel dans la musique du trio qui n’en demandait pas tant. Il n'arrêtait pas de demander si on était d'accord pour qu’il foute en l'air ce qu'on lui envoyait et on lui répondait de le faire encore plus. A ce petit jeu là, Strange Desires est vite devenu un monstre baveux et indomptable.
Il est parfois difficile d’en délimiter les contours. L’impression d’être dans les entrailles de la bête. Un magma informe, des données sonores multiples et confuses, sentiment d’être enseveli dans un vortex nébuleux et sans fin, ça te bouffe de l’intérieur, spectateur de ta propre chute. Holy Scum, c’est sale, ça colle et ça donne mal à la tête à en faire des cauchemars. Mais c’est aussi un disque (de) malade qui peut rendre dingue dans le bon sens du terme, une transe noire et nihiliste dont les ravages sont d’autant plus redoutables quand la section rythmique (socle prépondérant permettant de rester en vie et les pieds sur terre) prend le taureau par les cornes comme sur l’inébranlable et long Everybody Takes You Just Take More, le sauvage et épique Never Feeling Your Endless Breathing et le très mal nommé Drowned By Silence. Car de silence, il n’en est strictement jamais question. La densité au centimètre carré est énorme. C’est lourd, rempli de fuzz, de stridences, de voix hantées, lugubres, de fritures électroniques qui lézardent un bloc semblant prêt à s’écrouler à n’importe quel moment, milliers de sonorités comme des insectes fourmillant dans la moindre interstice. Une aliénation et une radicalité qui attirent irrémédiablement comme un puits sans fond. Et c’est surtout très angoissant. Atmosphère du déclin et communication que Haslam a voulu avec la mort. C’est réussi mais pas sûr que la mort elle même ne prenne pas peur à l’écoute d’un premier album exigeant mais fascinant.

SKX (25/08/2022)