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Deaf Club
Productive Disruption – LP
Bad Songs Forever - 7’’
Three One G/Sweatband records 2022

D’après les dires de Deaf Club, Productive Disruption a été enregistré en même temps que ce qui va être connu comme étant le jour de l’insurrection, le 6 janvier 2021 quand le Capitole a été envahi par des bandes de demeurés. Les allumettes qui craquent, la bagnole de flic qui brûle, tout ça fait sens sauf que Deaf Club n’est pas franchement le genre à être du coté des insurgés en peau de bête. Et encore moins du coté de la police et des organisations gouvernementales. Bref, c’est le bordel et Deaf Club s’y engouffre, alimente le brasier avec son premier album Productive Disruption.
Et de prime abord, je n’ai pas été du genre à souffler sur les braises pour entretenir ce feu qui n’est plus sacré depuis longtemps. Un énième projet de Justin Pearson (The Locust, Retox, Dead Cross, etc.) qui ne change pas d’esthétisme musical malgré ses quatre nouveaux partenaires de crime qui sont Tommy Meehan (The Manx), Brian Amalfitano (ACxDC), Scott Osment (Weak Flesh) et Jason Klein (Run With The Hunted). Quatorze titres en vingt-trois minutes. À part Stop Appealing To God qui ose dépasser les deux minutes réglementaires (mais que pour trois secondes, on l’a échappé belle), tout se passe à fond la gomme, mélange punk/power violence/grindcore avec des traces synthétiques, le croisement entre Retox et Locust, bref l’univers de Pearson est parfaitement balisé et il ne fait rien pour sortir du droit chemin qu’il s’est vaillamment tracé au fil des années. Envers et contre tous, après moi le déluge dont la profession de foi tient dans le premier titre : For A Good Time, Call Someone Else. Mais les bougres savent y faire. Si les premières écoutes font souffler un mauvais vent de lassitude, il en faut peu pour se laisser prendre au jeu et avoir envie de balancer des cocktails Molotov avec eux. Deaf Club, mon cul. On s’en prend plein les oreilles, pas n’importe comment et c’est ça qui est bon. Ça blaste mais ça sait briser les cadences, fragmenter pour mieux réunir, hurler mais pas dans le vide et souvent à plusieurs, insérer de mini-riffs speed et tordus qui font tout le sel de morceaux hyper courts qu’on souhaiterait presque se voir rallonger le portrait pour prolonger le plaisir d’idées lumineuses qui sont tuées dans l’oeuf. Il faut donc profiter à max de tout ces petits gimmicks accrocheurs qui pimentent ces convulsions perpétuelles comme sur Catching Flies, Wide Lawn, Narrow Mind ou The Power Of Negative Thinking. Et pour le reste, se cramponner, se laisser envahir dans les règles de l’art par un jet continu, saccadé, sauvage, incoercible, ne plus respirer en visionnant tous ces bâtards dont on aimerait défoncer la tronche. Et pas qu’en rêve.







Dans la foulée de cet album, Deaf Club a publié un single quatre titres répondant au nom sardonique de Bad Songs Forever. Et dire que le format court leur va comme un gant est un doux pléonasme. Deaf Club peut y jeter tout son fiel pour un maximum de dommages. A ce petit jeu là, If You Eat A Rat, It Might Taste Good et le titre suivant, But Does It Fart ?, qui n’a aucun lien avec le titre précédent sont deux belles boules fortement juteuses, tout comme Ride With Cops, Shoot With Robbers. Le quintet apparaît plein de maîtrise dans toute sa férocité, rallongeant légèrement le tir, variant les rythmes qui sont moins portés sur la vitesse, plus distincts dans la conduite spasmodique de morceaux haletants avec des guitares brillamment vrillées et sifflantes tout en augmentant la dose des chants qui s’enchevêtrent. Le dernier titre s’appelle Broken Face, une reprise des Pixies de la part d’un groupe qui avait déjà superbement repris The Wait (Killing Joke) et qui concasse le tube de Black Francis comme il se doit bien qu’assez fidèle à l’original.

SKX (26/09/2022)