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Conger ! Conger !
IV – CD
Self-released 2021

IV comme le quatrième album du trio marseillais qui a joué également à quatre le temps d’un album. Le batteur/chanteur Patrice de Bénédetti a laissé les baguettes au nouveau membre Thierry Poma pour ne s’occuper que du micro. Ce n’est pas le seul changement. Aucune idée s’il faut voir dans l’évolution de la formation une relation de cause à effet (tout n’est que suppositions) ou la simple volonté d’un groupe d’aller de l’avant (ce qui ne serait nullement étonnant de la part d’un groupe qui n’aime pas le conservatisme) mais IV est un album plus frontal et volontaire, plus puissant à l’instar du morceau d’ouverture Backgate ou sur Wait And Sit qui sortent les choeurs virils, plus carré et vigoureux, à l’écriture plus resserrée (ce qui n’était pas compliqué par rapport au double album précédent qui dépassait allègrement les soixante minutes et qui offraient des ambiances très variées) autour d’un axe mélodique devenant encore plus manifeste et des compositions aux structures plus lisibles, calibrées pour une efficacité grandissante. Et c’est mission réussie à plusieurs reprises comme les évidents The River succédant parfaitement à Another Day, Ghost, Fortress ou Wait And Sit, titres limpides possédant des allures de... Mission Of Burma. Une musique acérée et harmonieuse, énergique et subtilement recherchée, accrocheuses, lumineuses mais sans facilité. IV a mis l’accent sur cet aspect de la personnalité de Conger ! Conger ! qui suintait déjà sur les enregistrements précédents mais jamais avec autant de force et de clarté. Les Marseillais ne nous avaient jamais habitué à autant de maîtrise et d’assurance. Ça peut déstabiliser mais faut leur reconnaître un indéniable talent pour composer des titres séduisants et fédérateurs.
Mais le groupe continue de garder un regard oblique, ce qui a toujours fait le charme de leur (indie) rock hybride mélangeant noise, pop, post et art-punk, une patte reconnaissable qui se manifeste à travers le long Upside World, 2+2=4 ou le semi acoustique I Am A Clown. Des titres à la construction et aux atmosphères plus singulières où le volume et les mélodies sont moins capitales que les émotions plus profondes et la vulnérabilité qui en ressortent, notamment avec les huit minutes de Upside World, et qui n’empêchent jamais l’intensité d’être présente.
Depuis cet album, Conger ! Conger ! est repassé à trois. Le chanteur a retrouvé son tabouret. Mais cette expérience valait vraiment le coup d’être vécue. Il aurait même été intéressant de voir comme elle pouvait se prolonger et se bonifier dans le temps. Il en reste un disque attirant s’inscrivant idéalement dans une discographie ne connaissant pas de faux pas depuis plus de dix ans.

SKX (04/04/2022)