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City Of Caterpillar
Mystic Sisters – LP
Relapse records 2022

Il avait été question de City Of Caterpillar en avril dernier pour se remémorer leur unique album à l’époque et célébrer ses vingt printemps. En ignorant totalement qu’un nouvel album se tramait bien que le groupe était brièvement réapparu en 2017 avec le deux titres Driving Spain Up A Wall qui n’était pas vraiment des nouveaux morceaux. Le groupe de Richmond débarque cette fois-ci avec huit nouvelles compos toutes fraîches et exactement dans la même configuration que pour leur premier album. Brandon Evans (chant, guitare), Jeff Kane (guitare), Kevin Longendyke (basse, chant) et Ryan Parrish (batterie). A la vie, à la mort.
C’est donc très naturellement que la musique de City Of Caterpillar nous revient quasi dans le même état qu’en 2002. Cette mosaïque de sentiments contradictoires entre l’agressivité punk, basique, intense et des constructions plus post-hardcore, évolutives, narratives où les ambiances créées sont aussi voir plus importantes que la décharge d’adrénaline pure. Une approche pas franchement originale maintenant mais vingt ans plus tôt, ça l’était déjà plus et City Of Caterpillar perpétue la tradition d’un style dont il était un digne représentant. Et il le fait toujours aussi bien. Avec moins de chaos, de violence bouillonnante, d’enchevêtrement mais le nerf est toujours là, vibrant, électrique avec juste un peu plus de limpidité, de sensibilité et de goût pour le drame.
City Of Caterpillar a mis de l’ordre dans ses idées. Impact renforcé. Émotions démultipliées. Sens de la fulgurance encore plus aiguisé avec un titre comme Decider qui frappe les esprits autant que le plexus pour un groupe trop vite catalogué screamo alors que City Of Caterpillar était/est loin de crier dans le vide comme des gorets et qu’il a tellement plus à proposer. Les voix mordent, se croisent, se multiplient, se désespèrent, n’hésitent pas à réellement chanter avec intensité. Les mélodies sont à tiroir, ouvrent des perspectives inattendues, rebondissent sur des dynamiques changeantes, se diluent dans des atmosphères plus tragiques, faussement calmes ou mélancoliques, avancent par cascade sur le très maîtrisé et splendide Thought Drunk. Car City Of Caterpillar n’a rien perdu de son sens des grandes tirades autant impétueuses qu’énergiques, belles et urgentes, allant à quatre reprises explorer des architectures plus ambitieuses entre six et huit minutes en maintenant une pression constante avec un jeu précis et percutant. Et du poignant aussi avec l’aide d’un violon bourdonnant, des crescendo trépidants, des répétitions haletantes sans s’abîmer dans un trop plein de lyrisme (Voiceless Prophets) bien que les chœurs avec six invités sur le final de Ascension Theft ne soient pas la meilleure inspiration pour achever un disque qui s’était avéré irréprochable et passionnant jusque là. Un groupe absent depuis vingt ans qui avait encore de belles choses à dire. Retour totalement bluffant et pleinement réussi.

SKX (10/11/2022)