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Birth Order
Farewell, Square Horse – CD
The Ghost Is Clear records 2022

Adieu, cheval carré. C’est ça qu’il faut comprendre avec Farewell, Square Horse, nom d’album pour le moins étrange ? Ou alors il ne faut pas chercher, surtout pas, comprendre est anecdotique. Une option semblant raisonnable au regard des copieux textes tartinés sur l’insert du livret et dont le sens général échappe à tout contrôle de la raison. Tout comme le fait que Birth Order qualifie sa musique de hardcore mélodique. A ce rythme là, Jesus Lizard est le roi de la samba. Birth Order, trio de Minneapolis, prince de l’embrouille.
Ce que tend à confirmer avec les sept titres de ce premier album (après Jasper’s Complaint, une cassette en 2019). De loin et d’un peu plus près, Birth Order joue dans la cour du noise-rock et du post-hardcore. Cependant, Birth Order possède l’art de détraquer les lignes, d’ajouter des éléments externes, de complexifier l’affaire au risque parfois d’en faire un peu trop et de limiter l’impact des morceaux. Birth Order arrive autant à évoquer The Conformists que Deadguy (et des dizaines d’autres sûrement, vous compléterez selon votre propre prisme musical), à arracher des têtes en coupant net et sans bavure et à la faire tourner en bourrique dans des plans asymétriques, à se montrer mélodique par moment (et c’est pas pour faire joli) et fougueusement brutal, surfer sur les ailes du math-rock et fricoter avec du metal tordu et chauffé à blanc. Tout en glissant furtivement des petits bruits électroniques à la fin de Sweet Pea ou un (long) sample étouffé sur The All-Consuming Child.
Dit comme ça, ça l’air le bordel mais Birth Order arrive à trouver un fil rouge, un tas de riffs et de percussions marquants, une conduite des opérations évoluant dans la difficulté - parce que Birth Order n’aime apparemment pas quand c’est simple - mais le trio montre une belle maîtrise pour mettre en valeur ses très nombreuses idées. Alors les plans défilent, ça matraque, le cerveau part en vrille, l’étourdissement à ta porte, la ruade façon puzzle se reconstituant comme par miracle. Avec un chanteur qui a beaucoup de choses à dire (même s’il n’y a que lui qui les comprend) en passant par une multitude d’états d’âme qu’il étale dans toute sa douce folie, quitte à donner dans les envolées mélodiques sur Crabgrass qui font tiquer. Mais c’est à l’image de cet album. Birth Order arrose avec générosité et hargne et et il le fait quand même vachement bien. Malgré ses pieds carrés, vous miserez sur le bon bourrin en suivant de près l’avenir de Birth Order.

SKX (11/11/2022)