adinterim

Ad Interim
A Series Of Edits – CD
self-released 2022
A Series Of Edits – LP+CD
Stock/Tenzenmen records 2023

Le jeu de pistes continue avec Max Ducker. Ad Interim est la suite de Macros qui semble donc, sauf bonne surprise, fini et qui était lui-même la suite de Lost Talk qui était la suite de Mutton qui était la suite de Hoarse et l’arbre généalogique est très certainement incomplet. A chaque fois, c’est un ou deux disques maximum et puis s’en va. Ducker (guitare, chant, enregistrement) s’est associé cette fois-ci avec le bassiste Michael McQueen et le batteur Roger Newall pour une nouvelle couche d’un noise-rock qui s’avère plus vénéneux et sombre que ces dernières sauvages embardées, moins classique me hasarderais-je, tout aussi essentiel conclurais-je. L’animal est retors, se montre sur la retenue, glisse sur des mélodies tortueuses, des structures plus mouvantes mais frappe toujours aussi fort et irrémédiablement quand il décide de se montrer et d’emballer l’affaire. Le son participe également à ce sentiment de noise plus singulière. Entre les effets sur la guitare et le chant trafiqué qui est la plupart du temps en mode parlé, tendu, susurrant presque parfois à l’oreille, avec cette production mate, qui cogne et résonne durement, presque froidement, ajoutant une dimension d’étouffement et augmentant l’angoisse, A Series Of Edits est un objet magnétique, presque mystérieux avec des titres qui luisent sous la lune blanche à l’instar du très beau et captivant Inland Sea et des accords ressemblant à de l’acoustique. Ça vibre là-dessous d’une électricité galvanisante qui écorche, d’une basse impeccable comme tout bon groupe noise-rock qui se respecte, d’une urgence à fleur de peau, de morceaux tous meilleurs les uns que les autres et possédant de la personnalité comme Unwound, un délice qui se veut peut-être un hommage au groupe du même nom, ou Objects, soient autant de compos entre deux eaux, un divin supplice de tensions exacerbées qui se contiennent et jouent avec nos nerfs. Et quand Ad Interim se fait volontiers plus frontal et punk, c’est avec une invitée au chant, une certaine Prue Elyn, qui injecte une drôle dose de fiel avec son timbre de voix éraillé très particulier quand elle se met à hurler sur Sideways. Alors avec un nom de groupe pareil, la couleur est sans doute annoncée. Ad Interim n’est que de passage alors profitons-en car c’est encore du très bon qui ne va pas durer. En attendant le prochain groupe bien sûr.

SKX (19/12/2022)



MAJ 16/08/2023 :

Une version vinyle a finalement vu le jour en 2023 grâce à Stock et Tenzenmen records avec un CD à l'intérieur. Et histoire de vous faire acheter deux fois le même disque (mais on le veut bien), deux inédits se sont ajoutés au casting. Last Drinks et Steady Diet, soit respectivement un long titre de plus de cinq minutes donnant envie de trinquer à la farouche santé de ce groupe australien qui ne faiblit jamais et un instrumental beau comme un fleuve tranquille avant qu'un chant ne débarque à la toute fin pour provoquer quelques remous.