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AACKR
Almae – LP
Fidel Bastro records 2021

AACKR, cinq lettres mystérieuses pour désigner un duo allemand. A moins que ça soit juste les initiales des deux protagonistes. Axel Autschbach et Christian Kusserow. Ces deux noms ne vous disent rien mais il en avait été question en 2006 quand ils composaient les deux-tiers de Fitness, un éphémère et excellent groupe qui ne doit normalement rien vous dire également et à ne pas confondre avec le groupe canadien sévissant actuellement avec le même patronyme. Chienne de vie.
Après toutes ces années de silence, leurs influences n’ont pas réellement changé. De Cologne à Chicago, la ligne est directe et impénétrable. Tu tombes dedans tout petit et c’est en toi pour toujours. De Tar à Shellac et tout ce qu’il est permis de mettre entre les deux et aux alentours, AACKR s’en empare et en fait un noise-rock rutilant avec des fondamentaux dans le genre ne souffrant d’aucunes faiblesses. Et alors qu’on pouvait s’attendre à se voir dérouler le rouge d’un tapis magnifiquement classique avec le morceau d’ouverture Namaste Motherfucker ouvrant la voie à un disque rudement bien fait mais sans surprise, le duo a décidé de la jouer plus fine et subtilement personnel.
Seulement six titres mais ils sont relativement longs (six minutes en moyenne) c’est à dire le temps nécessaire pour développer tout un tas de nuances, d’installer d’autres ambiances et d’explorer des sonorités plus aventureuses. A la base groupe sans chanteur, AACKR a composé quatre instrumentaux mais également invité deux chanteurs. Sur Überall, c’est Raoul Khanfir dont le nom avait surgi au détour d’un étrange groupe nommé Man Vs Nature. Sur Alme/Ghost Spiders, c’est Dietmar Bottler, le chanteur habituel de Trainer. Premier signe que AACKR ne veut pas s’enfermer trop facilement dans l’étiquette réductrice du duo noise-rock purement instrumental. Par petites touches, Almae dévoile des atmosphères plus mélancoliques, plus troubles (HNO Superlike), apporte de la profondeur et du sentiment à un propos qui s’annonçait carré et intraitable, fricote avec Slint quand la voix se fait en mode parlé et la tension insidieuse, dérègle la machine rythmique sur Spinde tout en apportant des bruitages industriels ou des sons plus violents et matraqueurs (Harvester), insuffle une bonne grosse d’émotion et de sombres mélodies au service de superbes compositions adroitement construites et inspirées.
Bref tout un panel d’ingrédients jusqu’à l’élaboration de la pochette découpée pour faire de Almae un premier album qui aurait mérité d’être pressé à plus de cent exemplaires car vu ce qui se trame à l’intérieur, le public capable d’être fortement séduit par cette musique est bien plus considérable. Chienne de vie quand tu nous poursuis.

SKX (07/01/2022)