whitesuns
decoherence
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White
Suns
The Lower Way LP
Decoherence records 2021
White Suns remet la lumière. Quatre ans après Psychic
Drift, le groupe new-yorkais sort The Lower Way, cinquième
album en treize ans dun bruit qui na jamais, mais vraiment
jamais, cherché la facilité. Pour loccasion, White
Suns revient en trio avec Rick Vesser à nouveau dans les rangs
du soleil noir de la noise. Une force danéantissement qui
na fait qualler crescendo au fil du temps tout en se débarrassant
de ses oripeaux rock. Exit batterie, basse et guitares. Place nette pour
le pouvoir dune machinerie électronique infernale sans toutefois
se départir de sa tension rock, investir le champ dune musique
expérimentale et cauchemardesque sans jamais oublier les racines
punk.
Avec The Lower Way, si la photo intérieure sert de référence,
les guitares sont à nouveau sur le devant de la scène. Avec
une belle guirlande deffets et de pédales dans tous les sens
et un type au milieu ouvrant une valise bourrée de fils samassant
comme des gros vers prêts à vous sucer la moelle. Voilà
pour le dispositif de The Lower Way enregistré par Jason
Jouver (Creta Bourzia, Jumbo et bassiste dans la seconde vie de Don Caballero)
dans son studio de Pittsburgh et que White Suns qualifie de hybrid
trash rock. Toute la subtilité réside dans le mot hybride
car les adeptes purs et durs du trash et du rock vont être déçus.
Moins orienté électro et white noise que Psychic Drift,
The Lower Way reste une vision étouffante et claustrophobe
dun monde déchiqueté de part en part et dans lequel
ne subsistent plus que des lambeaux radioactifs secoués de spasmes
violents, de cris déchirants et darcs électriques
en forme de point de non retour. Ça fait mal, les dentistes adorent
quand ça perce, les sifflements engendrés et ils sont nombreux
ne sont pas remboursés par la Sécu mais le trio retrouve
cette verve intensément pressurisée où la rythmique
tabasse, donne une structure à laquelle se raccrocher, un souffle
foutrement porteur durgence où le rock trouve ainsi sa justification,
sa fonction primaire. Les guitares (préparées et désaccordées)
et tout ce qui est triturations, samples et synthés maléfiques
peuvent sy engouffrer avec en point dorgue ce chant qui na
rien perdu de sa virulence, voir sa folie depuis les débuts. The
Wreck et lintro de Tundra sont deux beaux exemples de
cette pulsion retrouvée, cet élan agressif nihiliste mais
si jouissivement dévastateur.
Et quand la terre a fini de brûler tout ce qui pouvait être
brûler, White Suns danse sur les cendres avec deux compos erratiques
à lossature désagrégée, rampante, angoissante
mais où il est permis dy entendre comme une poésie
sonore mystérieusement hypnotisante alors que tout est chaos et
débris avec Ordinance et encore plus Dawn Raid dont
le qualificatif de beau semble abusif. Et pourtant, cest ce qui
me vient à lesprit à chaque fois que les six minutes
de ce morceau dévoilent lentement sa longue complainte dramatiquement
sombre, tordue et éclatée avec comme une amorce de frémissement
dune mélodie qui se dessinerait dans le fond de lépais
brouillard qui grouille. Mais ça doit être une hallucination
auditive, ce qui naurait rien détonnant vu la masse
de sons et de données que White Suns traite pour créer un
univers très personnel, exigeant, radical. Cela peut totalement
rebuter mais encore une fois, White Suns arrive à me happer dans
leur mâchoire implacable et aliénante dans laquelle une puissance
invisible tire les ficelles pour donner un visage douloureusement humain
à tout ce magnifique cataclysme.
SKX (14/04/2021)
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