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Whispering Sons
Several Others – LP
Pias records 2021

Le second album des Belges de Whispering Sons s’appelle Several Others. Titre qui est en fait la fin d’une phrase débutant au recto et se terminant au verso du somptueux livret vingt pages : Always be someone else instead of yourself / So I have been several others. Soit une hérésie pour tous les coachs en développement personnel. Mais cette déclaration résume assez bien la musique de Whispering Sons. Un quintet qui se prend pour un groupe des années 80, qui nage en plein post-punk, opte pour un visage new-wave, cold, goth et tous les dérivés gravitant autour, voir électro et synthétique sans que leur véritable identité n’apparaissent au grand jour. C’était en tout cas vrai en 2018 pour Image, premier album très appréciable mais aussi très connoté. Cela commence à devenir plus caduc pour Several Others. Sans remettre en question l’héritage des 80’s, Whispering Sons passe la vitesse supérieure, transcende ses influences et accouche d’un album tout simplement saisissant. Comme si pour enfin trouver sa propre personnalité, il avait fallu faire le tour de toutes les possibilités pour mieux se débarrasser de toutes ces différentes peaux et dévoiler un potentiel prenant magnifiquement forme.
Whispering Sons est devenu plus tendu, nerveux, direct. Plus sombre également sans être goth, obsédant et magnétique comme un Joy Division, exemple idéal d’un patrimoine que les Belges ont parfaitement su digérer. Le talent de l’écriture fait le reste, permet de s’affranchir de tout, de survoler le débat. Several Others comporte de multiples morceaux imparables, donnant envie de les écouter en boucle, ce que je ne me suis pas privé de faire.
Des morceaux qui savent aller à l’essentiel sans perdre de profondeur, bien au contraire, gagnant en impact, possédant cette espèce de froideur et sobriété alors que le taux d’adrénaline est considérablement monté. Merveilles de la guitare et de la basse multipliant les accroches simples et lumineuses, électrisantes, qui peuvent se danser, mettre à vif, frisson constant. Les nappes et sonorités des synthés sont calmement envoûtantes, vernis électro donnant de l’ampleur, et la voix de la chanteuse Fenne Kuppens possède un timbre aussi grave que étrangement exacerbé, un charisme unique faisant planer une menace ou une douleur lancinante, l’énième pièce d’un disque où tout sonne juste et authentique.
Dead End, le mordant Heat, Surface et le BPM qui augmente sur les deux dernières compos, le sublime Satantango et son And she cries / look at me qui n’a pas fini de me hanter enchaîné avec le trépidant Surgery qui accroît encore plus la cadence. On ne peut sortir indemne de tels décharges belles et intenses. Et on pourrait continuer ainsi avec Flood, Vision ou (I Leave You) Wounded, majestueux et angoissants, à l’approche moins spontanée mais qui s’imposent de la même évidence au final alors que sur les morceaux miroirs Screens et Aftermath, Whispering Sons fait étalage de toute sa mélancolie noire, privilégiant les atmosphères conduites par un piano majoritaire.
Whispering Sons ne peut plus se cacher à être quelqu’un d’autre. Several Others montre un groupe sûr de sa force et extrêmement brillant pour créer un album se passant désormais de toutes comparaisons et instantanément classique. Magie.

SKX (17/06/2021)