voiceimitator
12xu


Voice Imitator
Plaza – LP
12XU records 2020

De toute la liste très fournie des groupes dans lesquels les membres de Voice Imitator ont jadis évolué, un seul a retenu l’attention et a fortement donné envie de s’intéresser de plus près à ce nouveau projet. Ce groupe, c’est True Radical Miracle avec le chanteur Mark Groves. Une réédition et une nouveauté qui avaient divinement meurtris les chairs dix ans plus tôt.
Et puisqu’il est question de chant jusque dans le nom du groupe et que le hasard n’est pas de ce monde, celui-ci s’avère prépondérant, un élément central d’une musique ne manquant pas de charisme. Cependant, la tonalité générale de Groves et sa scansion seront moins clivantes qu’avec True Radical Miracle. Il est surtout plus varié, manie les effets, passe du grondant sans démesure au spoken-word (d’outre-tombe), de l’intensité menaçante au chuchotement anxiogène. Il donne la mesure et l’humeur d’une musique ne donnant pas son nom. Qui grignote les ombres et suinte une méchante envie d’émeutes. La colère gronde sur la Plaza et Voice Imitator est un agitateur hors-pair. Sans jamais vraiment dévoiler son jeu, intentions manipulatrices, déjà ailleurs quand le feu coule. Rester bloquer sur un plan, fait monter la pression et disparaître dans la foule désemparée, se réinventer constamment dans une suite de compos qui giclent, revenir dans un souffle inquiétant ressemblant à une fin de monde où le seul signe de vie est une nappe synthétique angoissante et une voix glaciale dans votre dos narrant son dernier cauchemar (Deregulation Dreaming).
La rythmique de Per Bystrom (Exhaustion, autre groupe qui avait interpellé dans la liste) s’annonce rigide, déterminée et militaire, aimant caresser la caisse claire par des rafales intrépides. Une vibration larvée d’électro grouillante parsème les structures dont le froid cadenasse tous risques d’explosions incontrôlées. Mais il s’en faut souvent de peu. Riffs répétitifs, tension à son comble (Adult Performer) qui n’en peut plus de trépigner sur place, morceaux qui mettent les nerfs et finissent par ressembler à un défouloir jouissif, des hymnes vindicatifs comme Go Ahead, Catch, Sweltering In Leather, Algorithmically Mandated ou Vetting The Best, une belle ribambelle d’exemples parmi d’autres d’un premier album fort en uppercut prenant vicieusement leur temps pour atteindre leur cible, caractère trempé dans l’acier inoxydable mais les remous à l’intérieur sont une véritable tempête.
Né sous le ciel australien, Melbourne exactement, et surtout sur territoire Wurundjeri, tribu Aborigène à qui Voice Imitator témoigne de son respect pour avoir pu enregistrer Plaza sur des terres qui leur appartient et dont ils ont été dépossédés, cet album se passe aisément de racines musicales précises et identifiés pour faire son effet qui s’avère redoutable.

SKX (08/06/2021)