
throat
svart
|
Throat
Smile Less – LP
Svart records 2021
Le parcours de Throat est scrupuleusement suivi depuis dix ans, depuis
leur premier vinyle Licked
Inch Fur en 2011. Un amour sans faille que le troisième
album Smile Less vient remettre en cause pour la première
fois.
Le souffle d’un vent nouveau avait commencé à pointer
son nez sur Bareback.
Le groupe finlandais quittait ses sacro-saints oripeaux noise-rock, bien
qu’à multiples facettes, pour tâter des territoires
plus hétéroclites. Throat semblait vouloir donner un second
souffle à sa musique. Avec Smile Less, Throat fait plus
que chercher de nouvelles issues, il se perd en route et s’éparpille.
Avec plus (et surtout) moins de bonheur.
La belle voix grave de Jukka Mattila est plus que jamais de sortie sur
Conveyer Line qui ouvre l’album façon Clockcleaner
époque Auf
Wiedersehen quand John Sharkey avait pris l’option crooner
d’outre-tombe. La basse résonne lourdement et somptueusement.
La cadence est mesurée et puissante. Un synthé vient zébrer
le ciel bas et très sombre. Et si ce long morceau sait aussi gagner
des degrés dans l’intensité, il montre le visage d’un
groupe capable d’évoluer favorablement, garder la véhémence
et la brutalité du noise-rock en y apportant de l’ampleur
et de la finesse, une sobriété sur le fil du rasoir. Ce
qu’il arrive à reproduire à de trop rares occasions
sur des bouts de morceaux. Comme sur le suivant, Grounding, qu’un
immonde solo de guitare vient salement gâcher. Par un chant plus
varié certes mais aussi plus maniéré parfois voir
carrément repoussant dans le style héroïque sur Hospice.
Par des accents ampoulés, des longueurs bruitistes inutiles (Hospice,
encore lui) terminant l’album sur une longue plage qui fritte les
tympans et qui pourrait résumer à lui seul également
le manque général d’inspiration de Smile Less
à l’instar de Home Is Where Your Hurt Is. Huit minutes
dans des eaux industrielles, noise, remplis de drones, de cauchemars,
d’une batterie (avec le nouveau venu A. Kinnunen) comme un piston
ultra-répétitif, d’une voix vaguement lugubre et d’une
intensité montant crescendo mais ne sachant pas où aller
au final pour s’éteindre lentement dans une mort paisible
et sans conséquence. Et puis, vous avez des titres plus courts,
cadrés, punk, mélodiques comme Shots qui n’a
jamais montré un Throat aussi entraînant ou Deadpan
sur courant alternatif que je suis capable d’aimer pour mieux le
fuir dans la minute suivante.
Smile Less fait effectivement beaucoup moins sourire que les précédents
albums de Throat. On peut même dire qu’il reste en travers
de la gorge. Dommage.
SKX (14/06/2021)

|
|