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This Is Wreckage
I Don’t Live, I Exist – LP
Forbidden Place records 2021

C’est un disque proposé depuis longtemps par le groupe et le label sur leurs sites respectifs. En écoute et en téléchargement libre. Depuis le tout début de cette satanée année 2020. Un premier single (Wolfhead) avait même été dévoilé en novembre 2019 et l’artwork encore plus tôt, en septembre. Et puis il s’est passé ce qu’il s’est passé au printemps 2020. La publication a été repoussée. La tournée en Angleterre avec Trigger Cut a été annulée. Une sortie du disque a été reprogrammée pour l’été 2020. Mais les étoiles n’étaient décidément pas alignées pour This Is Wreckage. Ce n’est que là, maintenant, en avril 2021, au bout d’une incroyable attente à laquelle une issue ne semblait plus permise que le vinyle de I Don’t Live, I Exist est enfin manipulable par nos petites mains fébriles. Et il aurait vraiment été dommage que cette magnifique pochette de Bill Yudd et Frédéric Bouchet (tête pensante de Basement Apes Industries et membre de Feral et ex-Morgue ou Superstatic Revolution) ne voit pas la lumière du jour. Un disque de toute beauté. Les couleurs, les dessins, la pochette gatefold, le design général, le bleu du vinyle. Les étoiles sont enfin alignées et se télescopent à merveille avec la puissance de la musique.
Le temps, son extension, être dans l’expectative, une histoire particulière pour This Is Wreckage. Leur précédent et premier album Q.Y.C date de 2013. Pas du genre pressé le trio gallois (Cardiff). Qu’importe, cet album existe enfin et plus que ça, il vibre de partout et mérite une vie intense. C’est un noise-rock qui bondit et tape dans tous les coins, furieusement rythmique et agité déversant un indomptable tumulte. Ryan Yoxall (basse) et Greg R. Yoxall (batterie) ont plus que les noms de famille en commun. La paire ne fait qu’une et se pare d’un groove saisissant, particulièrement le jeu de basse de haute volée avec un son mémorable. Wolfhead faisait déjà fortement pensé aux légendaires Table. Vous pouvez rajouter No Means No à la liste et aussi Multicult et les premiers Therapy? avec ce rythme sans cesse incendiaire, tordu, enchevêtré parfois mais férocement percutant et inarrêtable. Il emmène dans son sillage des compos qui vrillent le cerveau et dans lequel la guitare abrasive de Neil Graveson (qui chante également mais les deux autres sont aussi crédités du terme vox) glisse multitude de riffs pointus et d'arpèges juteux, s’entortille, se greffe autour de l’axe rythmique en feu pour mieux l’exciter, verser encore un peu plus d’huile sur l’incendie déjà virulent ou tout simplement tirer tout son petit monde vers le haut.
This Is Wreckage, un groupe qui n’a pas peur de jouer, de lâcher prise, de se confronter à un amas de sonorités concassées et brutes afin d’en faire une tôle de maître, canalisant parfaitement la découpe, le chauffage et la distillation, séparer le sauvage et la finesse, travailler la souplesse et ériger avec force et entrain un disque qui a mis une éternité à nous parvenir mais qui va enfin pouvoir vivre de sa belle vie.

SKX (11/05/2021)