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Stolen Kidneys
Maailma Loppuu – LP
Kohina/minoRobscuR/Drown Within records 2021

Maailma Loppuu, ça veut dire la fin du monde. En Finlande aussi, c’est pas bombance et l’optimisme ne prédomine pas. Mais Stolen Kidneys possède les armes pour envoyer tout ça valser en enfer. Ne pas se laisser bouffer. Déjà, Stolen Kidneys grossit les rangs. Le trio passe en mode quartet avec un chanteur qui ne fait que ça. Et le groupe finlandais aiguise les couteaux. A l’instar d’un Ken Mode qui mélange mieux que personne noise-rock, hardcore et autres dissonances déviantes et noisy, Stolen Kidneys approfondit le sillon de précédents disques présentant des symptômes similaires, nettoie les parois des dernières traces de gras, sort la râpeuse à limaille de fer, débite en tranches encore plus fines et abrasives des morceaux moins lourds à l’arrivée qui ne sont plus un gros bloc sombre vous menaçant la tronche. C’est taillé à la serpe, plus agile, misant sur la vitesse avec plein de nuances pour vous surprendre. Le cri de douleur n’en est que plus fort. Poignant à s’en faire péter les jointures plus d’une fois. Ne plus avoir peur de mettre ses sentiments sur la glace et les voir fondre lors des six minutes de Ei Kesta, longue et savoureuse montée dramatique qui n’est pas linéaire mais quasi instrumentale avec une guitare fricotant avec la mélodie, l’ambiance titillant la mélancolie, une harmonie qui prend aux tripes et finit dans les affres décibeliques.
Stolen Kidneys jongle avec des structures et des climats tour à tour violents, épiques, torturés, frontales, sobrement émouvant, semble aller plus directement droit dans le bide mais appose un savoir-faire supérieure dans la conduite des opérations avec plein d’idées dedans. Un alliage subtil de force et de complexité, d’un chaos qui guette mais ne déborde jamais grâce à des approches mélodiques plus nombreuses, une agressivité foudroyante tempérée par des répits certes bruitistes mais qui délimitent un territoire dont l’étendue semble ainsi plus vaste et profonde. Le son est rempli d’aspérités, les textures frottent la peau jusqu’au sang, ça écorche mais ça vous tonifie comme une bonne claque sur les oreilles gelées de la part d’un groupe devenu expert en compos qui font délicieusement mal. Seulement sept titres mais chaque seconde est importante et marque au fer rouge, chaque titre est une belle et impérieuse réussite. Maailma Loppuu, c’est pas la fin du monde, c'est la confirmation que Stolen Kidneys est un sacré bon groupe venant de signer un album incontournable.

SKX (06/11/2021)