sbahn
polaks


S:Bahn
Queen Of Diamonds – LP
Polaks records 2021

Je ne sais plus si ma mémoire avait mis ça dans un coin et avait décidé de l’enterrer à tout jamais ou j’étais juste totalement passé à coté à l’époque mais la publication cette année de Queen Of Diamonds par S:Bahn vient de m’apprendre que Richard Payne alias Dik des mythiques Bastard Kestrel dont il a été maintes fois question ici et (sans oublier ses deux concerts à Rennes en 2015 et 2016 avec son projet solo Mnttab) avait participé à un autre groupe dans les années 90. Son nom énigmatique est donc S:Bahn. Et pas avec n’importe qui puisque le guitariste n’est autre que Kristian Brenchley (Woman, Ballroom et plein d’autres projets). On en apprend tous les jours ma pauv’ dame. Et c’est un régal.
Et le plus surprenant est de voir ce groupe se réactiver après la modeste période de vingt-quatre années de silence. Un premier mini-album en 1996 (Stock Footage sur Noiseland records), un premier véritable album en 97 (North Sea Clean sur Brass Companion) et puis le vide intersidéral d’un groupe qui n’avait jamais marqué les esprits.
Mais un alignement parfait des planètes et un confinement mondial auront été nécessaires pour que S:Bahn revienne miraculeusement à la vie. Brenchley, après des années de vie à New-York a décidé de revenir sur son île natale, l’Australie ou réside depuis plus d’une décennie l’anglais Dik. Avec le batteur d’origine Denis Leadbeater et un nouveau bassiste, René Schaefer à la place de Rob Buttery, Queen Of Diamonds peut sortir de la mine et briller de mille feux. Et tout ça sans en faire des tonnes. S:Bahn pratique et excelle dans un rock noisy sans effet de manche, loin de tout tape à l’œil mais avec une infinie classe et à la force du poignet, de dignes descendants d’un punk éternel adroitement ciselé à la Television, Mission Of Burma ou Wire, tour à tour acide et mélancolique, vif et mélodique. Les deux guitares (Dik ne fait pas que chanter) sculptent de grands moments de parties fines, des mélodies subtiles et piquantes, travaillent le blues en profondeur, le malmène, le cajole, se rappelle que le rock australien n’est pas une image d’Épinal, teinte Queen Of Diamonds d’un très léger parfum garage et enrobe mon tout d’une aura classique qui font les albums indémodables. Queen Of Diamonds rayonne doucement mais sûrement au fil des écoutes avec neuf compositions au songwriting aussi élégant qu’inspiré, une pépite qui se polit à l’ombre des modes, en solitaire de préférence, le genre de joyau à chérir rien que pour soi de la part d’un groupe qui a bien fait de revenir d’outre-tombe.

SKX (01/12/2021)